Solar Impulse : "Le Pacifique, c'est fait !"L'avion solaire, parti jeudi d'Hawaï, s'est posé ce matin en Californie, accomplissant la 9e et la plus dangereuse des 13 étapes de son tour du monde.
AFP le 24/04/2016
La traversée aura pris trois jours, et c'était peut-être la plus périlleuse de ce périple : l'avion solaire Solar Impulse 2 est arrivé samedi en Californie après avoir traversé le Pacifique, 9e étape dans un tour du monde en 13 étapes, parti en mars 2015 d'Abu Dhabi et utilisant uniquement l'énergie solaire. « Le Pacifique est fait, mon ami. J'adore, mais c'est fait », a déclaré le pilote suisse Bertrand Piccard, juste avant l'atterrissage à Moffett Airfield, au sud de San Francisco. « C'est l'une des expériences les plus époustouflantes que j'aie jamais vécues », a-t-il lancé à sa descente d'avion, après ce vol d'une soixantaine d'heures pendant lequel il ne pouvait pas dormir plus de vingt minutes d'affilée. « C'est formidable d'être en Californie, la terre des pionniers », a-t-il déclaré, avec à ses côtés notamment le cofondateur de Google, Sergey Brin. « L'innovation et l'esprit pionnier doivent continuer. La révolution de la technologie propre doit continuer à avancer », a-t-il ajouté, avant de redire sa conviction que, « dans 10 ans, des avions électriques pourront transporter une cinquantaine de personnes ».
L'avion était parti jeudi de l'archipel américain d'Hawaï, au milieu du Pacifique, où il avait dû faire une longue escale technique pour réparer les batteries, endommagées par une chaleur excessive pendant la traversée depuis le Japon. La traversée du Pacifique, longue de 3 760 kilomètres et sans la moindre possibilité de se poser en cas de pépin, était la partie la plus dangereuse de ce tour du monde entrepris pour démontrer les possibilités des énergies renouvelables. C'était aussi un « défi » technique, avait estimé au début du périple Bertrand Piccard, qui avait expliqué que l'envergure des ailes du SI2, équivalente à celle des plus gros avions commerciaux (63,4 mètres) pour un poids de seulement 1,5 tonne (poids d'une fourgonnette), rendait l'appareil « très sensible aux turbulences ». D'où la nécessité de ne pas s'assoupir plus de vingt minutes d'affilée car, « après vingt minutes, on doit se réveiller pour tout contrôler » et s'assurer que le vol se déroule bien.
Expérience
L'avion ne pouvant transporter qu'un seul pilote, Bertrand Piccard, âgé de 58 ans, et son compatriote André Borschberg, 63 ans, se relaient à chaque étape pour accomplir à tour de rôle les longs vols solo. C'est André Borschberg qui pilotera donc l'avion pour la traversée des États-Unis jusqu'à New York, où il devrait atterrir non loin de la statue de la Liberté. L'étape suivante sera la traversée de l'Atlantique, et enfin le vol d'Europe vers Abu Dhabi.
Le SI2, appareil expérimental révolutionnaire fonctionnant grâce à des batteries se rechargeant avec plus de 17 000 cellules photovoltaïques sur ses ailes qui captent l'énergie solaire, avait été contraint à près de dix mois d'escale pour effectuer les réparations et ensuite pour attendre une fenêtre favorable, du point de vue météorologique, pour repartir. Avant son envol pour la Californie, Bertrand Piccard avait déjà dit sa conviction de voir des avions électriques fonctionner d'ici à dix ans pour des vols commerciaux, avec des batteries rechargées sur secteur. En revanche, il a reconnu que des avions solaires de passagers ne devraient pas être possibles dans l'aviation commerciale à l'avenir. Solar Impulse est seulement une expérience « pour montrer la voie au développement de nouvelles technologies », a-t-il souligné.