Publié : 15/03/04, 19:01
Je pense que l'info ne vous a pas échapé. Inutile de rappeler ce que les membres de ce forum savent déjà. Mais c'est tout de même surprenant que la presse en parle si peu alors que le conséquences à court terme sont énormes pour nos économies.
LONDRES, 4 mars (Reuters) - Royal Dutch/Shell , dont le président, Philip Watts, a démissionné mercredi, devrait clore dans quelques semaines l'enquête interne sur la révision à la baisse de ses réserves prouvées d'hydrocarbures et a mandaté des cabinets juridiques extérieurs pour l'assister, a expliqué jeudi un porte-parole.
Il a indiqué que le groupe envisageait sérieusement la possibilité d'une véritable bataille juridique sur la révision des réserves.
En annonçant mercredi avoir demandé leur démission à Watts et à Walter (Xetra: 775290.DE - actualité) van Vijver, le patron de sa branche pétrole et gaz, Shell avait expliqué que la décision du conseil d'administration avait été motivée par "des faits et des circonstances" liés à la révision des réserves.
"L'enquête se poursuit et devrait être bouclée dans les toutes prochaines semaines", a déclaré le porte-parole. "Les résultats seront tranmis à la SEC et aux autres autorités de régulation".
La Securities & Exchange Commission américaine a ouvert une enquête formelle qui pourrait aboutir à l'ouverture de poursuites en bonne et due forme.
Le groupe anglo-néerlandais avait surpris les marchés financiers, provoquant une forte baisse de son cours de Bourse, le 9 janvier dernier en annonçant que 20% des réserves dites "prouvées" inscrites à son bilan n'avaient désormais plus de potentiel commercial assuré.
Certains analystes financiers craignent que les démissions inattendues de mercredi soient la conséquence tirée par le conseil d'administration de résultats décevants de l'enquête interne, ce qui annihilerait l'effet positif susceptible d'être créé par le remplacement de Watts et de son bras droit.
En Bourse de Londres, l'action Shell n'a d'ailleurs enregistré qu'un bref rebond mercredi après l'annonce de leur départ et elle a cédé jeudi 0,65% pour finir à 381 pence.
"Le comité d'audit de Shell passe en revue la gestion des risques et des comptes du groupe et il pourrait bien avoir mis au jour des fautes, ce qui l'aurait conduit à recommander les changes à la direction", explique dans une note de recherche JJ Traynor, analyste de Deutsche Bank (Xetra: 514000.DE - actualité) .
L'IASB VEUT REDEFINIR LA CLASSIFICATION DES RESERVES
L'affaire des réserves de Shell rebondit donc alors même que l'International Accounting Standards Board (IASB) travaille à redéfinir la classification de réserves de gaz et de pétrole, ce qui pourrait aboutir à un changement des pratiques en vigueur dans l'ensemble du secteur.
Les équipes en charge du projet au sein de l'organisation chargée d'établir les normes comptables internationales devraient publier le mois prochain un rapport d'étape, explique l'IASB, qui travaille en coordination avec la SEC.
"Il est improbable que nous aboutissions à des définitions concurrentes, même si les autorités nationales aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs ont bien sûr le droit d'imposer leurs propres exigences", a expliqué à Reuters Robert Garnett, membre du conseil d'administration de l'IASB.
Pour l'instant, les compagnies pétrolières et gazières doivent classer, en fonction de "certitudes raisonnables", la viabilité commerciales de leurs réserves comme "prouvées", "probables" ou "possibles". Mais cette classification laisse le champ libre à l'interprétation et donc au scepticisme des analystes.
Le projet de redéfinition a été lancé en 2000 par l'IASC, le prédécesseur de l'IASB, et celui-ci estime que ses premières conclusions ne devraient pas être publiées avant un an.
Shell n'est pas la seule compagnie à avoir réqualifié une partie de ses réserves : l'américain El Paso (NYSE: EP - actualité) a récemment annoncé avoir réduit de 41% ses estimations de réserves prouvées de gaz naturel. /MA