Message édité le 20 mai à 00h27.
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Sans faire dans le paradigme de la théorie du complot (lol) le message d'Ahmed amène de ma part quelques réflexions.
Y a-t-il un "progrès" des causes?
Ahmed a écrit :Notre système de santé étant presqu'exclusivement* dédié à l'aspect curatif, il n'est pas surprenant d'observer à la fois des progrès dans la lutte contre les conséquences et un progrès des causes!
lol. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris. Le mode "joke" est-il toujours actif?
Sinon la situation est grave et il aurait éventuellement fallu mettre le mot
"progrès" entre guillemets!
En tout cas ce qu'on constate sous un autre angle grâce à toi Ahmed, c'est que le système de santé étant ce qu'il est, l'interprétation audacieuse que tu en as dans le rapport de cause à effet est assez décoiffant (comme d'habitude dans tes approches qui vont revisiter la "semantique" autant que la logique, et nous interrogent!) ;–)
Ne nous dis-tu pas à quelque part que l'obstination à se concentrer — à ne traiter que les effets (i.e. le curatif) — et ce dans la plus grande partie des cas (médecine de pompier) reviendrait à voir progresser les causes?! En tout cas cela porte déjà un nom: la iatrogénèse et cela se constate aussi bien dans le domaine purement physiologique de la médecine que sur le terrain de la psychiatrie voire en amont vers celui de la culture!
Une bonne partie des réponses résideraient sur le fait de savoir si la progression des causes ne relèverait pas aussi (avant tout!!?) de la responsabilité individuelle? Donc du ressort de chacun de faire attention à ce qu'il consomme, faire du sport, ne pas s'exposer à des dangers sans protection, fermer sa ceinture de sécurité en voiture, etc...). Certes c'est vrai et c'est primordial, mais est-ce suffisant? Car dans les exemples précédents, on voit à quel point c'est surtout la multiplication des causes qui pose problème. Dès lors la multiplication est un obstacle à l'endiguement de leur progression. Je n'ai pas de réponse toute faite sur ce point, mais je vais essayer de dégager un peu le terrain, de lancer quelques pistes "pour essayer de comprendre et d'y voir plus clair".
REACH et reponsabilité individuelle...Ahmed a écrit :Pour chaque substance chimique est déterminée une dose "admissible" qui est supposée sans trop d'inconvénient pour la santé: compromis entre celle des individus et celle de l'économie!
Quant aux intéractions entre les diverses molécules...
Il semble que là ce soit tout à fait clair. Suite aux problèmes de Bophal, de la chimie bâloise qui avait déversé des tonnes de produits chimiques dans les eaux du Rhin, de Seveso, des POP, de l'avancée de la stérillité, de l'émergeance des maladies opportunistes etc. Il a été clairement admis que le curatif quasi absent dans certains cas autant que la lutte contre les conséquences* avait amené une progression vers les causes puisque cela a poussé à l'action la Commission Européenne, qui s'était penchée sur le problème. Ce qui a aboutit à
REACH...>. Mais on n'est pas sortit de l'auberge, car ce n'est pas rétroactif. Autant dire que l'on est toujours assis sur une bombe à retardement selon certains experts. On a tenté de responsabiiser l'industrie...
Mais même avec REACH on n'est pas à l'abri de la dangerosité des polluants et surtout de leurs croisement inopinés dans le corps humain. Le système choisit maintiendrait toujours une progression des causes pour défaut d'anticipation.
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(à Bophal les survivants n'auraient jamais touché les 192mios de $ d'indemnité versée au gouv. par Union Carbide, les gens continueraient de vivre sur le site non dépolué parce qu'ils n'ont pas les moyens d'aller ailleurs et d'y mourir).Codex Alimentarius et reponsabilité individuelle... (dans l'agro-alimentaire) Voici un domaine ou s'exprime tous les aspects du point précédent et qui rend l'aspect du "contrôle causal" plutôt illusoire si on devait le fonder exclusivement sur la responsabilité individuelle. (VS l'action sur les causes). Le consommateur étant devenu complètement captif de l'offre qu'on lui propose. Il est réputé faire confiance au "système" et donc n'a le choix que dans le cadre d'une offre biaisée.
A titre exemplatif, lorsque l'on achête dans les grandes surfaces des denrées alimentaires contenant des produits qui peuvent se révéler toxiques et/ou dangereux à long terme pour la santé (cancerogènes, inhibiteurs de l'immunité, etc) et dont les services de santé connaissent très bien les méfaits et l'existance. On ne peut pas dire qu'il est irresponsable au consommateur de les choisir. Par contre le système fait absolument qu'il y a "progression" de la causalité puisque le terrain le permet (i.e. introduction des acides oméga-6 dans les margarines qui sont elles des toxiques car bourrés d'acides gras "trans" alors même qu'elles sont vendues dans la légalité la plus parfaite ...par exemple)
Système de santé et reponsabilité individuelle...Voici comment le système de santé fonctionne dans de nombreux pays: on paie une prime d'assurance maladie sensée nous prémunir contre tous les risques. N'est-ce pas autant un bienfait qu'un piège, s'agissant de la responsabilité individuelle? Si nous n'avions pas de protection, adopterions-nous les mêmes comportement sociaux? Les mêmes habitudes alimentaires? Les parlements voteraient-ils les mêmes lois avec la même désinvolture en laissant les marchés "réguler"? Le développement de la "responsabilité" vis-à-vis de soi et des autres serait-elle la même? Certes non. Il y a là beaucoup de choses à repenser. Dans ce domaine la lutte contre les conséquences est permanente, mais l'incurie du système est le terreau de la progression des causes, souvent de façon insoupçonnées. Et cela est accentué par les deux points précédents. Il semble quand même qu'on joue à l'équilibrisme sur un fil et que le fait de faire croire qu'on a mis un filet au-dessous, pourrait suffir à nous prémunir. Les tentations de transgressions sont grandes.
Pour pousser le raisonnement à son paroxisme, on voit le même phénomène avec l'assurance-auto qui jusqu'à il y a peu, les chauffards profitaient d'une sorte d'impunité en cas de décès dus aux accidents de la route... Là l'émiettement que tu décris ailleurs, n'est pas virtuel, il devient ...total! L'aspect curatif se réduit alors à la réhabilitation voir au soutient psychologique de ceux qui restent... Cas typiques ou la victime peut devenir potentiellement coupable de ne pas assumer la situation qui lui est arrivée inopinément (parfois terrain de prédilection de la psychiatrie). Pendant longtemps le rapport de causalité dans ces situations ...on s'en contre-fichait! Mettant ça sur le compte de la fatalité!
L'une des deux plus grande trahison dans ce sytème de culpabilisation des victimes, c'est surtout lorsqu'un "client" devient un mauvais risque pour sa compagnie "d'assurance"... qui refuse alors d'appliquer le principe de mutualité (pourtant la raison d'être même de l'assurance) et qui se tourne alors vers une façon «administrative» de «curer le problème». Inutile de rappeler quelle proportion cela a pris dans certains pays, au point qu'il a fallu réformer le système de santé comme tente de le faire le Pdt Obama.
Comment en effet pourrions-nous espérer dans un tel mélange des genres promouvoir un peu de pédagogie?
Prévention et reponsabilité individuelle...Ahmed a écrit :*Dans le volet "prévention" est compté les dépistages de cancers, par ex., ce qui n'est absoluement pas de la prévention puisqu'on ne peut détecter (théoriquement) un cancer que s'il existe; ceci montre la profonde déviance de la médecine qui préfère guérir** un cancer que l'éviter!.
C'est probablement dans ce domaine ou le bât blesse le plus fort et là ou l'on nage en plein paradoxe: on appelle prévention au sens strict, celle qui s'intéresse à la
"responsabilité individuelle" et la prévention au sens large, celle qui englobe EN PLUS tous les aspects répressifs de la prévention (qui va de l'augmentation des primes d'assurances à la contravention pour non port de la ceinture de sécurité en passant par la privation de liberté voire l'obligation de soins...). Ce point montre à l'évidence le paradoxe entre le rapport de causalité et la démission du système qui n'arrive plus à apporter une solution satisfaisante pour cause de plafonnement...
C'est Robert King Merton, en 1949, qui avait donné un raisonnement logique. Il avait fait l'observation d'une anomalie stratégique qui n'avait pas été anticipée, et qui pouvait être « à l'origine d'une nouvelle théorie ». Il me semble que c'est un peu comme ça que cela fonctionne mais je peux me tromper. On part d'un mauvais raisonnement fondamental, puis on bâtit de nouvelles théories opportunistes au fûr et à mesure, à cause d'un manque endémique d'anticipation.
C'est ainsi en effet que le dépistage ne devrait pas faire partie de la prévention mais l'accent devrait être mis en amont au titre de prévention précoce sur le terrain même qui peut potentiellement conduire à la maladie (alimentation, hygiène de vie, etc).
Il existe pourtant une liste de tests qui permet effectivement de dépister avant même que le cancer se soit déclarer. Cette liste et les résultats des tests qui la concerne, ne sont absolument pas transmis aux patients. J'en avais découvert l'existence en rachetant du matériel informatique à un centre de soin. La liste était stupidement collée à même le cadre de l'écran sous forme de "pense-bête"...
Et le débat sur l'incidentalité des causes, le rapport de causalité, les raisons pour lesquelles elles "progressent" ou non, l'efficacité et le suivit des traitements préventifs, les question d'éthique, l'approche psychologique y relatives etc: Toutes ces questions sont loin d'avoir trouvé des réponses universelles et ne seront pas prêtes de l'être, tant qu'il y aura l'apat du gain et préalablement les conditions cognitivocomportementales qui rendent le tout probable... Est-ce la cause essentielle? Certes les barrières reculent, mais plutôt que d'en voir les résultats attendus, on voit surtout une complexisation du monde toujours plus grande, qui fini par créer de telles entraves que celles-ci empêchent
de facto d'atteindre les objectifs de progrès envisagés dans une sorte de continuation du mythe de Sisyphe.
Ahmed a écrit :En fait, l'idéal exprimé ouvertement, serait de transformer le cancer en une maladie chronique...
Tu n'as pas tort de le dire, mais d'une part est-ce délibéré ou conditionné? Et d'autre part c'est très peu probable que quelqu'un arrive à faire ça un jour avec une grande certitude quant au "résultat" de l'oppération (même de la part d'un machiavel aguérit). Ne serait-ce que parce qu'il est très (trop) difficile de
"contrôler le métabolisme des patients" comme ça. Pas tous ne suivent rigoureusement les traitements qui leur sont donnés (par exemple) et surtout la réponse métabolique du corps peut changer du tout au tout, d'un patient à l'autre... Il est également quasi impossible de savoir à quel croisement de produits le médecin pourraient avoir à faire dans le corps d'un patient, par exemple. Enfin faut-il rappeler que l'être humain lui-même est très imparfait... ce qui en fait un sujet relativement imprévisible... Et évidemment encore une fois, tout est dans le terrain de la "progression" des causes.
Suggestion
L'hyothèse de travail et d'étude dans ce cas: l'accidentologie. Réunissez tous les paramètres incidentiels et temporel pour qu'un "accident" ait lieu........... et il aura lieu!