Le sujet est large, en effet... mais intéressant...
DPE mon Amour.
Le DPE, Diagnostic Performances Energétiques de son vrai nom, c'est établir un bilan
précis des
performances d'un bâtiment construit, lors d'une vente ou avant travaux.
Performances énergétiques, c'est déjà l'énergie pour
chauffer, mais aussi l'énergie pour
cuisiner, et l'énergie pour
se laver, l'énergie pour
ventiler, l'énergie pour
éclairer... Le tout standardisé en fonction d'habitants types comme vous n'en verrez jamais (vont aux toilettes trois fois par jour, ni plus, ni moins, allument le chauffage uniquement quand c'est inscrit sur leur calendrier dix ans à l'avance, n'improvisent jamais un départ en vacances... Pardon je m'égare
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Commençons par le positif :
- Le diagnostic entraine aussi la vérification de
conformité des installations, parfois malsaines ou dangereuses (installations électriques sans terre, pas de ventilation de certaines pièces...). Ce n'est pas de trop d'avoir un nouvel acteur pour rabâcher au propriétaire qu'il est bien de
sécuriser le bâtiment.
- S'il est
détaillé, le DPE permet un analyse précise des points clés d'intervention pour l'
amélioration du bâtiment. Ou la vérification à postériori de
leur mise en œuvre (thermographie infrarouge, test d'infiltrométrie, veille informatique couplée à la domotique...).
- La délivrance d'une
étiquette revalorise largement les bâtiments à forte performance énergétique. Il va accélérer le phénomène constaté avec la norme Minergie : les bâtiments sont 8% plus chers à la construction (moyenne Suisse en rénovation (+15%) et neuf (+6%)) mais ils se vendent 12 à 15 %
plus chers sur le marché immobilier.
Les points négatifs sont les exacts pendants :
- La vérification de
conformité aux règlementations
n'est pas obligatoire, et les obligations de mise en conformité peuvent être évitées. Diverses
mesures dérogatoires existent pour ces contraignantes règlementations, particulièrement en rénovation.
- L'expérience montre que les
limites de nos méthodes d'analyses des bâtiments et de leur confort. Particulièrement eu égard aux bâtiments anciens ou bioclimatiques*, et aux différences d'usages. Si l'analyse est mauvaise, parcellaire, elle peut entrainer des remises en état plus néfastes qu'autre chose. Par ailleurs, imposée avant les travaux ou la vente, les diagnostics perdent de vue l'
essentiel :
la performance énergétique réelle après travaux. Le législateur met en place des obligations de moyens, mes très peu d'obligations de résultats.
- Les
étiquettes entrainent leur lots de vendeurs à la sauvette et d'
escrocs. On ne peut rien faire contre, mais multiplier les étiquettes, c'est peut être leur faciliter le travail... Mais en plus, on peut être léser de ce laisser cataloguer alors que nombre d'
exceptions ne peuvent pas être
classées. Prenons par exemples les maisons en rondins dont les méthodes simplifiées annoncent des performances énergétique jusque 5 fois moins bonnes que les performances réelles !** (tendance globale pour toutes les maisons anciennes (avant 1945) ou bioclimatiques).
Ainsi le premier enjeux du DPE, pour moi, c'est l'évolution des méthodes d'évaluation et la conscience de leurs limites (la méthode 3CL en particulier, mais certaines méthodes dynamiques aussi...) : tout le monde ne vit pas à 21°C en hiver et en dessous de 26°C en été. Il y a des gens qui accepteront des fraicheurs ou des surchauffes inacceptables pour d'autres sans démarrer les
merveilleusesmachinesdemaintiendeconfortquipolluent... Comment prend-t-on en considération des projets individuels avec des diagnostics si impersonnels ? Le captage et la gestion de chaleur passive à travers des dispositifs courants tels qu'une vitre et ses dispositifs d'occultation ou tels que des murs trombes, des murs exposés plein sud, des murs capteurs comme glassX et Lucido... Autant de subtilités qui ne peuvent exister sur un méthode simplifiée ; La gestion des échanges thermiques par évaporation et des températures apparentes dans des bâtiments anciens aux murs perspirants... encore un point noir au tableau... La création artisanale de dispositifs de régulation thermique complexes (système pariéto-dynamique) par des simples sur-fenêtre sur les bâtiments anciens ou en rénovation... Ce n'est pas modélisable ?!
Propre à la méthode utilisée, cet enjeu met en évidence un second, plus grave : la question de fond de la relation quotidienne à l'énergie n'est pas abordée par le DPE !? Quel confort, et quel coût pour quelle performance énergétique réelle ?
Cela peut évoluer si la loi dans le sens d'une obligation de résultat (BBC ?) ! Pour les opérations de grosse taille dans un premier temps puis sur la suite sur toutes les opérations. Comme c'est le cas aujourd'hui en acoustique (vérification
in-situ de la conformité, à défaut, réfection aux frais de l'équipe de maitrise d'œuvre !). Les outils font un peu défaut, la thermographie infra-rouge et le suivit de la domotique du bâtiment sont à prendre en considération dans se domaine. Mais ils sont quatre fois plus cher que ceux d'un DPE classique. En gros, personne n'en fait s'il n'y a pas de litige !?
Enfin, moins important à mes yeux, l'enjeu du marché. L'étiquetage de la maison, ça va être un foire d'empoigne impossible sur le marché (déjà évoqué au-dessus). Un lieu pour l'apparition de dole d'un nouveaux genres :
-
Vous avez surévaluer votre maison avant de la vendre vous devez 18 mois de surconsommation de chauffage.
-
Votre analyse est pourrie ! Ma maison n'a jamais consommé autant en 30 ans que je vis de dedans ! Je le paierai pas votre DPE !
J'en passe et des meilleures, les avocats vont se régaler...
Bon je vous laisse il est tard...
* Etude du CETE de l'Est
**
The Energy Peformance of Log Homes based on the research for the Log Homes Concil by Bion D. Howard.