EDF annonce un méga plan solaire en France
Publié : 12/12/17, 20:55
Pourquoi le plan solaire d’EDF est historique
Aurélie Barbaux Usine Nouvelle le 12/12/2017
EDF a annoncé un plan solaire ambitieux qui vise à développer 30 gigawatts d’énergie solaire photovoltaïque en France métropolitaine d’ici à 2035. S’il peut paraitre tactique, voire politique, ce plan n’en est pas moins historique, pour l’électricien national.
Même si le plan solaire d’EDF n’est qu’une réponse opportuniste à la demande du gouvernement de définir un plan précis pour accompagner la transition énergétique du pays avec un rééquilibrage du mix électrique en faveur des énergies renouvelable, il n’en est pas moins historique pour l’électricien national. Car en matière de solaire, la France en général, et EDF en particulier, viennent de loin. Illustration en six chiffres clés.
De 200 MW à 30 GW.
EDF est aujourd’hui à peine présent en France dans le photovoltaîque avec seulement 200 MW de capacités installées sur un total de 6881 MW au 1er juin 2017 selon RTE. Annoncer l’installation de 30 GW entre 2020 et 2035 représente donc un changement total de stratégie et un quasi saut quantique d’EDF dans les énergies renouvelables en France. Car si EDF affiche déjà 1,7 GW de solaire dans le monde et 1 GW en construction, il n’avait jusque-là pas voulu concurrencer son électricité nucléaire en métropole.
Vers 6 % du mix électrique
La part du solaire dans la production totale d’électricité en France n’est que de 1,6% contre 6% en Allemagne et 3,5% en Grande-Bretagne. Si rien ne change par ailleurs, le plan solaire d’EDF pourrait multiplier par quatre ce taux. En 2035, la part du solaire serait alors de 6,5% a calculé Antoine Cahuzac, le PDG d’EDF Energies Nouvelles, la filiales du groupe EDF en charge de ce plan. Si c’est encore loin des 10% de l’hydraulique dans le mix électrique français, cela marquerait toutefois une vraie rupture. Mais c’est une fourchette basse. Avec son plan, si EDF veut prendre une place de leader, il ne sera pas seul. Et ce sont probablement plus de 30 GW de nouvelles installations qui pourraient être installées en France d’ici là. Mais, 30 GW c'est déjà près de la moitié de la puissance installée du parc nucléaire (63,3GW).
Des centrales géantes de 100 MW
Si la plus grande centrale solaire en France affiche une capacité de 300 MW, les appels d’offres de la commission de régulation de l’Energie (CRE) sont limités à des projets de 12 MW. Et sur les 6,6 GW comptabilisés par l’observatoire de l’énergie photovoltaïque en France au second trimestre 2017, aujourd’hui seuls 9% (621) sont des installations de puissance supérieure à ces 12 MW. Pour réaliser son plan, EDF attend donc de l’Etat qu’il lance des appels d’offres pour des centrales de l’ordre de 100 MW. Le ministre de la Transition écologique et solidaire a bien annoncé qu’il allait porter le volume des appels d’offre à 2,45 GW par an contre 1,45 GW aujourd’hui, mais il n’est pas encore question de modifier la taille des projets.
2 GW à installer par an
Si le plan ne débute qu’en 2020, c’est parce qu’il faut en moyenne deux ans pour monter un projet de solaire photovoltaïque contre 7 à 8 ans pour de l’éolien terrestre, explique EDF. C’est aussi le temps pour EDF Energies nouvelles de se mettre en ordre de bataille en France. Ensuite, EDF Energies Nouvelles prévoit d’installer en moyenne 1,5 GW par an entre 2020 et 2025, 2 GW par an entre 2025 et 2030 et 2,5 GW par an entre 2030 et 2035, soit en moyenne 2GW par an durant 15 ans. Alors qu’en 2016, seuls 600 MW de nouvelles capacités solaires avaient été installées en France, contre 76 GW dans le monde.
25000 à 30000 hectares à libérer
Le groupe EDF a annoncé qu’il immobilisera tous les moyens à sa disposition pour assurer ce rythme accéléré de développement. Reste à trouver les terrains. Or le ratio de ce type de projet est de 1 hectare pour 1 MW. Il faudra donc trouver entre 25000 et 30000 hectares de terrains pour installer ces méga centrales. Or trouver ce foncier est un des principaux freins évoqués jusqu’ici par EDF pour expliquer son peu d'appetit pour le photovoltaïque en France. Mais EDF a décidé de passer outre et d’y mettre du sien. Il s’engage à identifier et exploiter des terrains issus de son patrimoine foncier et des terrains à proximité des centrales nucléaires, à reconvertir des friches industrielles ou de sites en démantèlement, et même à développer du photovoltaïque flottant sur les sites hydrauliques. Mais cela ne suffira pas, et EDF attend aussi des pouvoirs publics et des collectivités locales qu'ils l’aident à identifier d’autres terrains.
35 milliards d’euros à investir
Les projets solaires coûtent en moyenne 1 million d’euros pour 1MW installé. EDF a calculé qu’il lui faudra en fait investir 35 milliards d’euros sur 15 ans. Mais pas question de toucher aux investissements déjà prévus pour la prolongation du parc nucléaire actuel au-delà de 30 ans (le grand carénage) qui engloutit 4,2 milliards d’euros par an, ou la construction de nouvelles capacités de nucléaires et renouvelables (hydraulique compris) en France et surtout à l’Etranger, dans lesquels EDF investit 5 milliards d’euros par an. EDF compte financer ces projets grâce à des crédits bancaires et des investissements de ses partenaires. Une méthode éprouvée par EDF Energies nouvelles et qui fonctionne bien partout dans le monde, selon Antoine Cahuzac. Ce dernier n'exclut pas non plus de signer des PPA (purchase per agreement), des contrats d'achat d'une production par un acteur privé. Mais si cette solution se développe à l'étranger, elle est encore boudée en France. Les tarifs du marché pour l'électricité verte restent plus attractifs, explique Nicolas Couderc, directeur France et énergies réparties chez EDF Energies Nouvelles.
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