Fukushima Daiichi: la situation (un an) après (ASN et IRSN)
Publié : 07/03/12, 15:30
L’ASN fait le point sur la situation de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi les conséquences radiologiques au Japon et en Europe
I. Situation technique de la centrale de Fukushima Daiichi
A. Situation des réacteurs
Les réacteurs n°1, 2 et 3 de la centrale de Fukushima Daiichi continuent d’être refroidis par injection d’eau douce directement dans les cuves contenant les combustibles. Les moyens d’injection d’eau dans les cuves ont été fiabilisés. Ils permettent de maintenir la température du circuit primaire (RPV) aux alentours de 40° C pour les réacteurs n°2 et 3 et 25° C pour le réacteur n°1.
Le circuit primaire n’est néanmoins pas étanche ; l’eau qui y est injectée est récupérée dans les parties basses des bâtiments (cf. schéma ci-dessous).
Schéma de l'injection d'eau dans les cuves des réacteurs. Schéma de l'injection d'eau dans les cuves des réacteurs.
B. Le refroidissement des piscines d’entreposage du combustible usé
Les piscines des réacteurs sont refroidies en circuit fermé. La température de l’eau est maintenue inférieure à 25°C.
Refroidissement des piscines des réacteurs en circuit fermé
C. La gestion de l’eau contaminée sur le site
Les eaux stockées sur le site sont pompées, stockées, traitées puis réinjectées en partie dans les réacteurs n°1, 2 et 3. A la mi-décembre 2011, environ 200 000 tonnes d’eau avaient été traitées ; 80 000 tonnes d’eau traitée avaient été réinjectées dans les réacteurs ; 135 000 tonnes d’eau traitée avaient été stockées dans des réservoirs sur site.
Pour traiter les effluents générés par les actions de refroidissement du combustible, l’exploitant a mis en service des installations de décontamination et de désalinisation des eaux, fournies en partie par Kurion et Toshiba.
D. La limitation des rejets radioactifs
Afin de limiter la dispersion de la contamination, le recouvrement du bâtiment réacteur n°1 a été achevé le 28 octobre 2011. Une opération similaire est étudiée pour les réacteurs n°3 et 4 dont les bâtiments sont les plus endommagés.
Des rejets radioactifs gazeux se poursuivent ; ils sont de l’ordre de 60 MBq/h soit 10 000 000 fois moins que l’activité rejetée au moment de l’accident. Une installation de traitement des effluents gazeux fonctionne pour les réacteurs n°1 et 2.
Des fuites d’eau radioactives sont régulièrement détectées, notamment au niveau des installations de traitement des effluents ou des déchets. La construction d’une enceinte permettant de limiter les rejets radioactifs vers la mer est projetée.
Des opérations d’évacuation des débris présents sur le site se poursuivent (29 000 m3 avaient été évacués à la mi-décembre).
II. Gestion des conséquences radiologiques au Japon
1. Synthèse
La caractérisation et la surveillance générale de l’environnement sont coordonnées par les autorités japonaises et réalisées par différents acteurs. Les différentes mesures sont détaillées dans le Comprehensive Monitoring Plan. Les césiums radioactifs sont désormais majoritaires dans l’environnement, les iodes ayant diminué sous l’effet de la décroissance radioactive (note IRSN 27/09/2011). En mer, malgré les quantités importantes rejetées, la conjonction de deux grands courants marins à proximité du site a entraîné une dispersion très importante des radionucléides (note IRSN 26/10/11)
Le bilan de l’exposition des travailleurs est actualisé par Tepco ; près de 20 000 travailleurs ont déjà bénéficié d’une évaluation de dose interne.
Un zonage post-accidentel a été défini par le gouvernement japonais le 22 avril 2011 puis réactualisé, pour assurer la protection des populations résidant dans la préfecture de Fukushima. Les zones les plus contaminées par les substances radioactives sont interdites d’accès et les populations y résidant ont été relogées. Au-delà de ces territoires, des actions de décontamination et de surveillance renforcée sont engagées.
Une surveillance renforcée des niveaux de contamination des denrées alimentaires produites sur le territoire japonais a été organisée au niveau des préfectures les plus affectées par la contamination, voire au-delà. Les résultats de ces analyses sont actualisés à un rythme hebdomadaire. Le bilan des contrôles réalisés depuis mars 2011 est le suivant : parmi les 97 664 échantillons analysés sur l’ensemble des 44 préfectures japonaises, 1 078 (1,1 %) sont supérieurs aux niveaux maximaux admissibles japonais.
Une loi encadrant la décontamination des territoires contaminés a été promulguée par le gouvernement japonais le 30 août 2011. Le gouvernement japonais porte la responsabilité de la décontamination, à l’exception des zones où l’exposition prévisionnelle est inférieure à 20 mSv/an. Dans celles-là, les municipalités sont responsables du plan de décontamination. Ces travaux de décontamination, touchant le milieu urbain, agricole et forestier s’accompagnent de la publication régulière de documents techniques, s’enrichissant régulièrement de leur propre retour d’expérience. La gestion des déchets a fait également l’objet de dispositions spécifiques prévues par la loi du 31 août 2011.
Les orientations en matière d’indemnisation ont été fixées par le Dispute Reconciliation Comittee for Nuclear Damage Compensation. L’indemnisation des populations et des professionnels est en cours ; à cet effet un fonds spécifique a été constitué et doté de 6 milliards d’euros. Un bilan des indemnisations versées par Tepco a été publié au 18 décembre 2011.
(...)
Suite / source: http://japon.asn.fr/index.php/Japon/Com ... -mars-2012
Version intégrale .pdf: https://www.econologie.info/share/partag ... 8MXLfY.pdf
Et dossier de l'IRSN:
Le 28 février 2012 à Paris, l'IRSN organisait un point presse sur le thème "Fukushima, un an après", avec la participation de Jacques Repussard, Directeur général de l’IRSN, Thierry Charles, directeur général adjoint chargé de la sûreté des installations et des systèmes nucléaires, Didier Champion, directeur de la crise, et Jean-René Jourdain, adjoint à la directrice de la protection de l’homme.
Ce dossier contient les enregistrements vidéos et les présentations des sujets traités durant ce point presse : le bilan de l’accident de Fukushima (état de sûreté du site, de la contamination des sols, suivi sanitaire de la population), les perspectives de reconquête des territoires contaminés, les collaborations scientifiques de l’IRSN au Japon.
Sommaire
* Situation des installations nucléaires de Fukushima Daiichi
* Bilan des conséquences environnementales de l'accident
* Simulation de la dispersion en mer des rejets radioactifs liquides provoqués par l’accident de Fukushima
* Simulations de la dispersion atmosphérique des rejets radioactifs
* Les conséquences sanitaires de l'accident de Fukushima
Dossier: http://www.irsn.fr/FR/base_de_connaissa ... un-an.aspx
Dont une vidéo conférence de 1h15: http://www.youtube.com/playlist?list=PL ... ature=plcp