Prix du pétrole, la grande arnaque?
Publié : 26/06/08, 10:10
Article et analyse intéressants trouvé sur : http://www.adicie.com/archives/232
Est-ce que la crise pétrolière actuelle serait finalement une énorme fraude ? L’enquête américaine de la Commodity Futures and Trading Commission (CFTC) semble suggérer que la hausse record du prix du baril résulterait de spéculation financière plutôt que d’un manque de stock comme tout le monde veut bien nous le faire croire.
Depuis des mois, il est suggéré que la montée en flèche du prix du baril de pétrole brut est le résultat de la guerre civile en Irak et au Nigéria, des grèves en Norvège, la croissance en Chine, etc.
L’autre version pourrait être que le prix du pétrole grimpe à cause de : chute du dollar, spéculation financière et rachat de marge (paiement comptant seulement une fraction du prix d’achat d’un titre, et paiement d’un intérêt sur le montant résiduel).
Tout est lié ! Même la crise alimentaire mondiale prend tout son sens dans ce montage. Un article de Mike Whitney m’a mis la puce à l’oreille, expliquant pourquoi la crise pétrolière actuelle est une énorme arnaque qui élude la véritable responsabilité des spéculateurs en la reportant sur des éléments complémentaires.
En premier lieu, il faut bien comprendre pourquoi le dollar est si faible. Le premier facteur concerne les intérêts monétaires de la Réserve Fédérale qui sont bien en dessous du rythme de l’inflation depuis une décennie. Il faut ajouter le déficit de $ 700 milliards et la dette extérieure de $ 9 trilliards pour se demander comment cette monnaie n’a pas littéralement explosé plutôt que baisser dangereusement ! Ceci étant, mon propos n’est pas de parler du dollar, mais du pétrole. Il faut juste signaler que le dollar en baisse contribue à la hausse du pétrole. Le mécanisme est simple puisque la baisse du dollar est un dopant puissant pour les cours, incitant à l’investissement massif.
Maintenant, voyons voir ce concept de rachat de marge…
En prenant un calcul conservateur, il paraît que plus de 60 % du prix du baril de pétrole brut vient de spéculations dérégulées, notamment au sein d’ « hedge funds ». Il faut savoir qu’il est possible d’acheter des actions liées au pétrole sur les marchés financiers (Nymex US) pour seulement 6 % de sa valeur totale. Cela procure un levier de 1 pour 16 qui permet de réaliser de belles opérations, mais aussi d’augmenter les prix vers des niveaux peu réalistes, tout en compensant le désastre des pertes liées au sub-primes et d’autres catastrophes financières.
En d’autres termes, les banques d’investissement et leurs partenaires financiers peuvent facilement déglinguer le système entier, résultant dans un désastre mondial qui dépasse largement les institutions financières pour toucher directement la population, allant jusqu’à causer une crise alimentaire mondiale. Je ne parle même pas du prix de l’essence à la pompe qui préoccupe la vaste majorité des gens, car c’est indécent lorsqu’on sait que des millions de personnes ne peuvent même pas manger leur bol de riz quotidien.
Il est évident que ces mêmes banques d’investissement veulent sauver leur peau puisqu’elles sont en faillite depuis les problèmes de crédits aux Etats-Unis. En effectuant quelques paris osés sur le pétrole, il est possible de récupérer quelques milliards qui seront salvateurs sur le bilan comptable.
En tout état de cause, il faut bien que les fonds puissent circuler. Le pire des scénarios voudrait que la Réserve Fédérale américaine ferme les yeux sur la capitalisation des actions appauvries liées aux crédits, permettant la flambée du prix de matériaux bruts comme le riz, maïs, blé, et… le pétrole.
Est-ce qu’il est possible que la vénérable institution de régulation financière regarde de l’autre côté pour que les banques sortent du gouffre ?
Il est possible de valider cette théorie en observant la récente décision de la Réserve Fédéral de mettre à disposition trois fois $ 75 milliards sous forme de prêts à court terme pour les banques. Bien entendu, il n’y a toujours pas l’ombre d’un centime qui est accordé directement aux propriétaires étranglés, mais les banques peuvent continuer de construire un gouffre de dettes et capitaliser toujours plus en déstructurant les fondements essentiels du marché financier. Parmi les chiffres intéressants, la demande chinoise en pétrole a augmenté sur les cinq dernières années d’environ 920 millions de barils de pétrole brut. Sur la même période, les spéculateurs financiers ont émis des demandes sous formes d’actions pour 848 millions de barils. La conclusion est effrayante puisque la spéculation est presque à la hauteur de l’augmentation chinoise. Il est donc un peu trop aisé d’accuser la Chine de consommer trop de pétrole quand les financiers se sont rués sur la spéculation pétrolière dans une mesure pratiquement similaire. Il n’y a pas besoin de tourner les chiffres dans tous les sens comme les financiers aiment le faire pour comprendre qu’une telle demande élargit le marché et augmente le prix.
En dehors de la Réserve Fédérale qui semble fermer les yeux, j’ai aussi l’impression que les autorités de régulations (Commodity Futures Trading Commission) lâche carrément la bride, permettant à certains spéculateurs un accès quasi-illimité au marché des biens de consommation (commodities). Seulement, c’est cette même institution qui enquête sur le scandale actuel. Vous ne voyez pas comme un petit problème ?
Il ne faut pas se leurrer, nous sommes bien en présence d’une énorme arnaque financière qui est couverte par l’apparence d’une pseudo crise. La trace remonte jusqu’aux plus hautes instances des diverses autorités régulatrices américaines. La Réserve Fédérale fait tourner la presse à billets à plein régime et ouvre les vannes du crédit pour permettre encore plus de spéculation. Les banques d’investissement ont moins de freins pour spéculer à tort et à travers grâce à la technique du rachat de marge, tentant de sauver ce qui peut l’être du désastre des sub-primes.
Encore une fois, je pointe vers mon billet sur le casino de la finance. C’est quand même dingue qu’un pauvre naze de bloggueur comme moi peut y voir clair dans cette vaste arnaque, mais que le système perdure. Pendant ce temps, des gens crèvent de faim, d’autres sont ruinés, et la majorité se vautre dans une grave situation financière.