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CCE: vive l'impôt sur l'énergie par Hervé Kempf

Publié : 06/09/09, 10:28
par Christophe
Dans le cadre du débat polémique sur la taxe carbone...pardon sur la Contribution Climat Energie, Hervé Kempf, déjà connu de certains éconologues (faite une recherche) vient de publier, je pense, le meilleur article sur la taxe carbone.

Je dis le meilleur car il est court, synthétique, plein de bon sens et n'ouvre aucune polémique...

Mais tout ceci, on en a l'habitude avec H. Kempf

Vive l'impôt sur l'énergie !
LE MONDE | 05.09.09 | 14h02 • Mis à jour le 05.09.09 | 14h02

Quel tohu-bohu, les amis ! "Antisociale", "populiste", "hold-up fiscal", "impôt Sarkozy ", "ridicule", "écologie punitive", la contribution énergie climat - euh, la "taxe carbone" - fait rugir dans les chaumières.

Excellente nouvelle ! Si l'on se souvient qu'en 1992 le projet de taxe sur l'énergie avait été discrètement enterré sous la pression des milieux industriels, on mesure le chemin parcouru : la question écologique s'est imposée dans le débat démocratique. C'est le signe que le coeur de la politique dans les pays industrialisés, aujourd'hui, est de trouver comment établir une nouvelle relation avec la biosphère.

Deuxième point positif : le débat s'est organisé autour de la question de la justice. Le projet de taxe est-il équitable ? L'articulation entre justice sociale et écologie est mise en lumière comme cela n'avait jamais été le cas. Troisième observation : le mythe du "désert français" est mort. La vivacité du débat tient au fait qu'une large partie de la population vit en zone rurale, et dépend donc de l'automobile.

Cela étant observé, rappelons la logique de la démarche.

1 - Point de départ : la planète est engagée dans une crise écologique majeure, notamment par le changement climatique. Celui-ci pourrait avoir des conséquences immenses. Il découle de nos émissions de gaz à effet de serre.

Dès lors une conclusion s'impose :

2 - Il nous faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Or celles-ci sont liées à notre consommation d'énergie.

Donc :

3 - Il nous faut réduire notre consommation d'énergie. Comment ? Les technologies alternatives ne sont pas disponibles à grande échelle et à court terme. Pour diminuer la consommation d'énergie fossile, qui produit du CO2, il nous faut en augmenter le prix pour en dissuader la consommation.

4 - Si le prix augmente, soit on dépense plus, soit on consomme moins. Oui, c'est une perte de pouvoir d'achat. Mais les responsables politiques qui prétendent lutter contre la crise écologique sans envisager une modification du mode de vie... mentent.

5 - Combien de personnes en France sont dans une situation économique telle qu'une diminution de leur consommation énergétique de 10 % est absolument insupportable ? A la louche, 20 % de la population. Pour ceux-ci, l'aide est indispensable, vitale, indiscutable. Mais les autres doivent accepter de consommer moins de pétrole et d'électricité.

6 - Les revenus tirés de l'impôt énergie doivent être clairement compensés par davantage de transports collectifs et d'aides aux économies d'énergie.

7 - L'impôt envisagé reste injuste dans le contexte d'une répartition des revenus particulièrement inégalitaire. Son acceptation suppose une réforme fiscale corrigeant ce désordre social : abolition du bouclier fiscal, refonte des niches fiscales, revenu maximal admissible.

Courriel : kempf@lemonde.fr



Source

Ca change du blabla des politicards et politicasses non?

Publié : 06/09/09, 12:44
par Ahmed
Il a certes raison de recentrer le débat en mettant de côté l'aspect passionnel. Cependant, il pointe bien du doigt que sans une nette volonté de diminuer les inégalités sociales, il n'y aura jamais de front commun contre ce problème de réduction de la consommation.
Un autre point criticable, et qu'il ne relève pas (du moins dans ce texte), c'est qu'il est impératif de s'attaquer à tous les aspects du gaspillage: à quand une prise en compte de la durée de vie des produits manufacturés?
Tant que ce sujet continuera d'être tabou, on éludera la réalité profonde. Il y a évidemment fort peu de chance pour que ça change, puisque le cycle production\consommation est à l'origine des inégalités.

Publié : 06/09/09, 13:37
par Flytox
Ahmed a écrit :Un autre point criticable, et qu'il ne relève pas (du moins dans ce texte), c'est qu'il est impératif de s'attaquer à tous les aspects du gaspillage: à quand une prise en compte de la durée de vie des produits manufacturés?
Tant que ce sujet continuera d'être tabou, on éludera la réalité profonde. Il y a évidemment fort peu de chance pour que ça change, puisque le cycle production\consommation est à l'origine des inégalités.


+100 Ahmed. C'est Exactement le fond du problème ce gaspillage organisé de l'obsolescence des produits manufacturés. Comme l'article de Kempf le souligne plus haut, on a mit 17 ans à oser parler de gaspillage d'énergie.

Je verrai bien l'association Econologie travailler à la prise de conscience ...qu'il faudra arriver à taxer les produits conçu à la base pour être obsolète rapidement sans justification intelligente / durable ( au vrai sens du mot) et ce sans mettre 17 ans de plus juste pour la prise de conscience :frown: :evil: :mrgreen:

Publié : 06/09/09, 20:13
par Ahmed
+100! Comme tu y va, Flytox!

Je crois qu'Hervé Kempf est parfaitement conscient de ce point important.
Au lieu de nous bassiner avec le "développement durable", il faudra bien arriver aux produits durables et conçus pour être réparables. Une chose est bien certaine, ce n’est que sous la pression des usagers que les choses changeront.
C’est la seule chance d’établir un contrepoids aux lobbying des industriels qui profitent des circonstances pour accélérer l’obsolescence par voie législative : par ex., les normes antipollution des contrôles techniques sont progressivement ajustés aux caractéristiques des véhicules neufs, ce qui obligera à tout changer et sera beaucoup plus efficace que la prime à la casse !
Après les ampoules à incandescence, attendons nous à voir ce filon exploité jusqu’à la corde !