Nature, le nouvel eldorado de la finance
Publié : 09/02/15, 22:35
Pas commenté à ma connaissance, ce documentaire mérite de l'être.
Je ne vous raconte pas le scénario en détail, il est encore temps de le visionner en replay.
Le parti pris formel du réalisateur est de jouer la naïveté et de se poser la question: et si l'attribution d'une valeur vénale à la nature était susceptible de fournir les moyens de la protéger?
L'ensemble est un montage des réponses de différents acteurs de ce secteur ainsi que d'opposants qui viennent décrypter les réalités qui se cachent derrière le discours des premiers.
Ce que je regrette, malgré un traitement plutôt adroit, c'est un certain manque de rigueur logique ainsi que certaine approximations qui sont, hélas, le lot de ce mode d'expression.
Ainsi, lorsqu'un fervent partisan de la marchandisation de la nature récuse ses détracteurs en les accusant de faire preuve "d'idéologie", il aurait été souhaitable de souligner le côté idéologique de la soi-disant rationalité économique (le TINA de M. Thatcher).
Il est assez facile de montrer que l'économie étant la cause de l'altération de la nature au dépend de laquelle elle se développe, il est absurde d'en espérer un secours*.
Une autre forme d'argumentation** serait, en supposant que les deux hypothèses contradictoires soient indécidables (ce qui n'est pas vrai, mais reste intéressant sur un plan logique), alors, l'hypothèse la plus pessimiste doit être privilégiée sur l'autre, car il ne peut être question de se tromper devant un tel enjeu et son caractère irrémédiable. Le pessimiste ne peut, en toute rigueur logique, que se tromper par excès de précaution, là où l'optimiste brulera ses vaisseaux irrémédiablement.
La conclusion comme le titre s'attaquent à la finance, les auteurs adoptant le lieu-commun qui, à la lueur d'une analyse tronquée***, distingue faussement entre une économie foncièrement "saine" et une finance "spéculative" et donc condamnable.
C'est simplement ignorer le simple fait que la finance a toujours été présente dans une économie dont la "réalité" ne doit pas faire illusion: la valorisation de la valeur est bien son but ultime, tout autant que la finance stigmatisée à tort, puisque son seul péché est d'apparaître sans fard: condamner la finance, c'est réhabiliter l'économie.
*Et c'est vrai que cela constitue la contradiction des organisations traditionnelles de protection de la nature: pour financer leurs programmes, elles ont besoin de l'appui de sociétés dont la prospérité va, d'un autre point de vue, à l'encontre de leurs buts...
**Développée par B. Méheust, qu'il est urgent de lire "La nostalgie de l'occupation" ouvrage magnifique, salubre et nécessaire!
***Il serait assez curieux de voir justifier comment la "saine" économie a pu devenir le terreau de la finance!
Je ne vous raconte pas le scénario en détail, il est encore temps de le visionner en replay.
Le parti pris formel du réalisateur est de jouer la naïveté et de se poser la question: et si l'attribution d'une valeur vénale à la nature était susceptible de fournir les moyens de la protéger?
L'ensemble est un montage des réponses de différents acteurs de ce secteur ainsi que d'opposants qui viennent décrypter les réalités qui se cachent derrière le discours des premiers.
Ce que je regrette, malgré un traitement plutôt adroit, c'est un certain manque de rigueur logique ainsi que certaine approximations qui sont, hélas, le lot de ce mode d'expression.
Ainsi, lorsqu'un fervent partisan de la marchandisation de la nature récuse ses détracteurs en les accusant de faire preuve "d'idéologie", il aurait été souhaitable de souligner le côté idéologique de la soi-disant rationalité économique (le TINA de M. Thatcher).
Il est assez facile de montrer que l'économie étant la cause de l'altération de la nature au dépend de laquelle elle se développe, il est absurde d'en espérer un secours*.
Une autre forme d'argumentation** serait, en supposant que les deux hypothèses contradictoires soient indécidables (ce qui n'est pas vrai, mais reste intéressant sur un plan logique), alors, l'hypothèse la plus pessimiste doit être privilégiée sur l'autre, car il ne peut être question de se tromper devant un tel enjeu et son caractère irrémédiable. Le pessimiste ne peut, en toute rigueur logique, que se tromper par excès de précaution, là où l'optimiste brulera ses vaisseaux irrémédiablement.
La conclusion comme le titre s'attaquent à la finance, les auteurs adoptant le lieu-commun qui, à la lueur d'une analyse tronquée***, distingue faussement entre une économie foncièrement "saine" et une finance "spéculative" et donc condamnable.
C'est simplement ignorer le simple fait que la finance a toujours été présente dans une économie dont la "réalité" ne doit pas faire illusion: la valorisation de la valeur est bien son but ultime, tout autant que la finance stigmatisée à tort, puisque son seul péché est d'apparaître sans fard: condamner la finance, c'est réhabiliter l'économie.
*Et c'est vrai que cela constitue la contradiction des organisations traditionnelles de protection de la nature: pour financer leurs programmes, elles ont besoin de l'appui de sociétés dont la prospérité va, d'un autre point de vue, à l'encontre de leurs buts...
**Développée par B. Méheust, qu'il est urgent de lire "La nostalgie de l'occupation" ouvrage magnifique, salubre et nécessaire!
***Il serait assez curieux de voir justifier comment la "saine" économie a pu devenir le terreau de la finance!