Faut-il avoir peur du monde qui vient ?
Publié : 06/06/16, 16:10
Intéressante émission sur France-Culture samedi dernier. Alain Finkielkraut recevait Luc Ferry et Michel Onfray sur ce sujet, suite à deux nouveaux ouvrages de chacun, en particulier de Ferry : "La révolution transhumaniste", incluant des sujets comme l'ubérisation ou les révolutions génétiques.
http://www.franceculture.fr/emissions/r ... qui-vient#
Le podcast n'a malheureusement pas l'air encore disponible, ou disponible seulement sur itunes (que je me refuse à installer).
Etonnamment Michel Onfray, dans lequel je voyais jusqu'à présent une pensée solide, mise à part sur la question de l'Islam, m'a semblé ne pas maîtriser ces sujets et prendre une position timorée. Ainsi il semble contester le droit des particuliers à échanger, par exemple leur logement, prétextant une concurrence aux professionnels dont l'état fera les frais à cause d'un non-recouvrement d'impôts, ces impôts qui nous dit-il, permettent de construire des hôpitaux ou des lycées. Evidemment que l'impôt est nécessaire, et qu'un équilibre doit être obtenu avec les professionnels à qui on impose par ailleurs des normes ou des règles de sécurité dont les particuliers sont dispensés. Mais le rôle du politique n'est pas d'interdire des évolutions de société liées à des tendances massives chez les citoyens, comme l'utilisation de ces sites qui les mettent en relation les uns avec la autres. Il est de les accompagner, de les encadrer, voire de les promouvoir (co-voiturage par ex.), et d'en obtenir des richesses pour le progrès du pays. Bref Onfray m'a apparu réactionnaire, au nom d'une éthique plutôt dogmatique.
A l'opposé, Luc Ferry. Il a manifestement particulièrement bien étudié ces évolutions, surtout les progrès que vont permettre la génétique, y compris sur leurs aspects scientifiques et techniques. Il a en particulier évoqué cet allongement d'un tiers de la vie de souris qu'ont obtenu des chercheurs de l'université de Rocester, allongement où la qualité de vie était restée excellente : les souris se maintenaient en pleine forme jusqu'à leur fin. Tout le monde s'accordait à dire, bien sûr, que c'était de la plus haute importance, le but n'étant pas de repousser la mort pour traîner jusqu'à elle dans un état de délabrement physique ou intellectuel. Il se passera du temps avant la transposition à l'homme, mais on peut prévoir que cela se fera. Luc Ferry a vu dans cette longévité accrue un intérêt tout à fait inattendu : celui de la "sagesse", dont on sait bien qu'elle a tendance à grandir avec l'âge. A-t-on déjà vu des cinquantenaires islamistes se faire sauter au milieu d'innocents ? Non, à cet age on ne s'excite plus pour un rien. "Mourir pour des idées, oui mais lesquelles" disait Brassens. Les excités sont presque toujours des jeunes de moins de 30 ans, et même 25. La nouvelle longévité ré-équilibrerait donc le poids des plus sages par rapport aux autres.
Alain Finkielkraut, animateur de l'émission, n'était pas directement impliqué dans le débat. Mais de ses quelques interventions, et à l'encontre des clichés contre lui, il m'a semblé bien moins réactionnaire qu'on ne le dit, moins même que Michel Onfray. J'ai eu l'impression plutôt d'un nostalgique, un nostalgique non opposé au progrès, non coincé dans une éthique sclérosée, et souhaitant que ce qu''on conserve, ce soit plus les méthodes de pensée qui ont fait leurs preuves que ce à quoi elles s'appliquent.
http://www.franceculture.fr/emissions/r ... qui-vient#
Le podcast n'a malheureusement pas l'air encore disponible, ou disponible seulement sur itunes (que je me refuse à installer).
Etonnamment Michel Onfray, dans lequel je voyais jusqu'à présent une pensée solide, mise à part sur la question de l'Islam, m'a semblé ne pas maîtriser ces sujets et prendre une position timorée. Ainsi il semble contester le droit des particuliers à échanger, par exemple leur logement, prétextant une concurrence aux professionnels dont l'état fera les frais à cause d'un non-recouvrement d'impôts, ces impôts qui nous dit-il, permettent de construire des hôpitaux ou des lycées. Evidemment que l'impôt est nécessaire, et qu'un équilibre doit être obtenu avec les professionnels à qui on impose par ailleurs des normes ou des règles de sécurité dont les particuliers sont dispensés. Mais le rôle du politique n'est pas d'interdire des évolutions de société liées à des tendances massives chez les citoyens, comme l'utilisation de ces sites qui les mettent en relation les uns avec la autres. Il est de les accompagner, de les encadrer, voire de les promouvoir (co-voiturage par ex.), et d'en obtenir des richesses pour le progrès du pays. Bref Onfray m'a apparu réactionnaire, au nom d'une éthique plutôt dogmatique.
A l'opposé, Luc Ferry. Il a manifestement particulièrement bien étudié ces évolutions, surtout les progrès que vont permettre la génétique, y compris sur leurs aspects scientifiques et techniques. Il a en particulier évoqué cet allongement d'un tiers de la vie de souris qu'ont obtenu des chercheurs de l'université de Rocester, allongement où la qualité de vie était restée excellente : les souris se maintenaient en pleine forme jusqu'à leur fin. Tout le monde s'accordait à dire, bien sûr, que c'était de la plus haute importance, le but n'étant pas de repousser la mort pour traîner jusqu'à elle dans un état de délabrement physique ou intellectuel. Il se passera du temps avant la transposition à l'homme, mais on peut prévoir que cela se fera. Luc Ferry a vu dans cette longévité accrue un intérêt tout à fait inattendu : celui de la "sagesse", dont on sait bien qu'elle a tendance à grandir avec l'âge. A-t-on déjà vu des cinquantenaires islamistes se faire sauter au milieu d'innocents ? Non, à cet age on ne s'excite plus pour un rien. "Mourir pour des idées, oui mais lesquelles" disait Brassens. Les excités sont presque toujours des jeunes de moins de 30 ans, et même 25. La nouvelle longévité ré-équilibrerait donc le poids des plus sages par rapport aux autres.
Alain Finkielkraut, animateur de l'émission, n'était pas directement impliqué dans le débat. Mais de ses quelques interventions, et à l'encontre des clichés contre lui, il m'a semblé bien moins réactionnaire qu'on ne le dit, moins même que Michel Onfray. J'ai eu l'impression plutôt d'un nostalgique, un nostalgique non opposé au progrès, non coincé dans une éthique sclérosée, et souhaitant que ce qu''on conserve, ce soit plus les méthodes de pensée qui ont fait leurs preuves que ce à quoi elles s'appliquent.