Climat: l'UE et les Etats-Unis s'affrontent à Bali
Publié : 13/12/07, 15:28
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Associated Press le 13/12/2007 14h53
Climat: l'UE et les Etats-Unis s'affrontent à Bali
Aux dernières heures de la conférence de Bali sur le changement climatique, l'Union européenne a menacé jeudi de boycotter la prochaine réunion des plus grandes économies sur le climat prévue en janvier sous la houlette de Washington, si les Américains refusent de fixer des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Les Européens ont reçu le soutien indirect de l'ancien vice-président américain Al Gore, prix Nobel de la paix 2007 avec les experts sur le climat du GIEC. "Mon propre pays, les Etats-Unis, est principalement responsable de l'obstruction au progrès ici à Bali", a-t-il accusé, "des objectifs doivent être intégrés au traité".
La menace de l'UE met en lumière les enjeux au moment où les délégués de près de 190 pays s'apprêtent à se séparer vendredi, au terme d'une réunion de deux semaines destinée à lancer les négociations sur un traité succédant au Protocole de Kyoto, qui expire en 2012.
Les Etats-Unis, le Japon et plusieurs gouvernements s'opposent à ce que le document final contienne une proposition de baisse des émissions de GES des pays industrialisés de 25% à 40% en 2020. A leurs yeux, des objectifs spécifiques limiteraient la portée de discussions futures.
A l'inverse, l'UE et d'autres estiment que les objectifs chiffrés reflètent les mesures jugées nécessaires par les scientifiques pour ralentir le réchauffement global et limiter l'élévation du niveau des océans, l'aggravation des inondations et des sécheresses, et l'extinction d'espèces animales et végétales.
"Pas de résultat à Bali veut dire pas de réunion des plus grandes économies", a averti le ministre allemand de l'Environnement Sigmar Gabriel, faisant référence à la série de discussions sur le climat lancées en septembre par George W. Bush. "C'est la position claire de l'UE. Je ne sais pas de quoi nous devrions parler s'il n'y a pas d'objectif."
La veille, le ministre français de l'Ecologie Jean-Louis Borloo avait estimé que l'heure était "aux engagements internationaux". "Refuser de s'engager sur des chiffres et des dates signifierait ne pas avoir confiance dans son propre modèle, ses propres technologies pour proposer un progrès sobre en carbone", avait-il avancé sans nommer les Etats-Unis. "Si des réunions des plus grandes économies se tiennent, cette démarche doit être accompagnée d'engagements quantifiés des pays industrialisés". Il s'est également prononcé en faveur d'une étude sur "la possibilité d'un prélèvement sur les flux financiers mondiaux".
Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France, a salué "un véritable camouflet infligé à George W. Bush et son 'Major Economies Meeting'(MEM)".
Les Etats-Unis ont invité 16 autres grandes économies, dont des pays européens, le Japon, la Chine et l'Inde, à s'entretenir d'un programme de réductions volontaires d'émissions de GES, qui seraient prises à une échelle nationale. Mais les écologistes y voient une tentative de saper le processus onusien.
Le patron de l'ONU sur le climat Yvo de Boer s'est inquiété d'un éventuel déraillement du processus provoqué par la confrontation entre l'UE et les Etats-Unis. "Si nous ne trouvons pas une formulation sur l'avenir, alors tout le château de cartes va s'effondrer", a-t-il redouté.
La délégation américaine a de son côté rappelé son refus de toute mention d'objectifs spécifiques, tout en espérant atteindre un accord "efficace sur le plan environnemental", et "viable sur le plan économique". Les Etats-Unis sont actuellement le plus gros pays émetteur de GES du monde et la seule grande puissance économique à refuser de ratifier Kyoto. Le Protocole prévoit d'ici 2012 une modeste réduction moyenne de 5% des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990. AP