Crise du lait : les propositions...rejetées
Publié : 23/07/09, 10:56
La Commission persiste et signe. Bruxelles a présenté, mercredi 22 juillet, son rapport sur la situation du marché laitier. Dans ce panel de mesures proposées pour stabiliser le secteur, la Commission européenne exclue catégoriquement de revenir sur la fin du système des quotas laitiers, qui arrivera à échéance le 1er avril 2015.
«Apporter des modifications au système des quotas irait à l’encontre des résultats du bilan de santé [de la Politique agricole commune (PAC)]», précise le texte, avant de souligner: «Cette question a déjà fait l’objet de débats approfondis lors des négociations, excluant le principe d’une réduction des quotas de 5% ou encore un gel de l’augmentation des quotas.»
Le bilan de santé de la PAC, négocié pendant la présidence française de l'UE, prévoit en effet un atterrissage «en douceur», en relevant le palier des quotas laitiers de 1% jusqu’en 2015, date de la disparition du système. «La baisse des quotas reviendrait à tirer le tapis sous les pieds des producteurs», a affirmé la commissaire à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, en présentant le rapport à la presse.
Et pourtant, c’est bien sur cette question des quotas que se focalisent tous les débats. A tel point que le ministre de l’Agriculture français, Bruno Le Maire, semble avoir légèrement infléchi sa position sur le sujet. Dans un communiqué commun élaboré avec son homologue allemande Ilse Aigner, le successeur de Michel Barnier exige en effet que soit examinée la possibilité «d’un gel, au niveau communautaire, de l’augmentation des quotas de 1% en 2010».
Ils demandent également l’augmentation des restitutions à l’exportation pour le beurre, la poudre de lait et les fromages «sans pour autant perturber les marchés les plus sensibles dans les pays en voie de développement». Ce mécanisme, réactivé depuis le 23 janvier par l’UE (EurActiv.fr, 16/01/2009), consiste à subventionner les exportations agricoles pour écouler les excédents européens. Ils devront examiner cette question lors de la prochaine réunion des ministres européens de l’Agriculture, le 7 septembre.
Les ministres jugent par ailleurs que «les réponses proposées par la Commission européenne ne sont pas à la hauteur des défis de ce secteur». Un constat largement partagé par les autres acteurs de la filière laitière. Car dans l’ensemble, les mesures préconisées par la Commission européenne (lire encadré), qui demeure persuadée que la solution consiste en une baisse de la production de lait en Europe, suscitent l’insatisfaction générale.
Mardi 20 juillet, au cours d’un débat sur la filière laitière en Europe, la commission Agriculture du Parlement européen s’est prononcée, 24h avant la présentation officielle du rapport, en faveur d’un réajustement des quotas laitiers. Le président de cette commission, l’Italien Paolo de Castro (S&D), a indiqué que le secteur pourrait prochainement faire l’objet d’un rapport d’initiative.
Parmi les mesures de la Commission suscitant les interrogations figure notamment le mécanisme des achats d’intervention, qui ont commencé le 1er mars pour le beurre et le lait écrémé en poudre, et seront prorogés jusqu’au 28 février 2010. Alors que 81 900 tonnes de beurre et 231 000 tonnes de lait ont jusqu’à présent été achetés, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la capacité de Bruxelles de réinjecter ces volumes sur le marché sans provoquer une chute des prix.
Sur ce point, la commissaire chargée de l’Agriculture s’est voulue rassurante en évoquant «la grande expérience de la Commission» pour ce genre d’opérations. «Nous ferons preuve de bon sens quand nous revendrons ces volumes», a-t-elle affirmé
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