Malgré Internet, les Français continuent de sortir
Publié : 15/10/09, 11:47
Malgré Internet, les Français continuent de sortir
Claire Bommelaer
Un rapport établit nos habitudes culturelles à l'ère du numérique. Le cinéma est roi, les expositions et le théâtre se portent bien, mais la lecture baisse.
Qui sort et où ? La télévision a-t-elle été détrônée par l'ordinateur ? Quelle proportion de Français lit ? Depuis 1973, le ministère de la Culture sonde les foyers français pour établir un panorama des pratiques culturelles.
La dernière enquête datait de 1997, époque où on achetait encore des CD, où il n'y avait ni YouTube, ni Google, et tout juste le téléphone portable. Douze ans plus tard, le paysage a drastiquement changé. Les magnétoscopes ont disparu, l'ordinateur s'est invité dans plus de 80 % des familles et les téléphones multimédias permettent de naviguer entre culture, divertissement et communication personnelle.
Or, si «la montée en puissance de la culture écran » a changé le paysage culturel, elle n'en a pas étouffé la pratique. Ainsi, la fréquentation d'une salle de cinéma, de théâtre, d'un musée ou même la lecture croissent avec la fréquence des connexions Internet. Jusqu'à un certain degré, situé à quatre heures par jour, plus on est rivé sur son écran, plus on sort !
• Moins de télévision et de radio chez les jeunes
Le temps moyen passé devant la télévision reste stable, à vingt et une heures par semaine. Mais entre Internet et la télévision, il y a un phénomène de vases communicants. Plus on passe de temps devant ses jeux vidéo - comme les 15-24 ans et les hommes -, moins on regarde la télé. Les plus de 45 ans, et a fortiori les plus de 60 ans, moins concernés par l'avènement du numérique, passent, eux, de plus en plus de temps devant les programmes télévisés.
Côté radio, l'écart générationnel se creuse d'année en année. La part des 15-24 ans qui écoutent la radio tous les jours ou presque a drastiquement diminué, au profit de l'écoute en ligne. En revanche, les 65 ans et plus sont de plus en plus nombreux à être fidèles à leur poste.
• Des nouvelles préférences musicales
La population «vit désormais dans un bain musical plus ou moins permanent ». Mais, là encore, il se crée un gap entre les générations : plus on est jeune, plus la préférence pour la musique anglo-saxonne, r'n'b, techno en tête, est marquée. Le classique fait pâle figure et perd du terrain, ignoré des moins de 45 ans. Les classes sociales s'affrontent ; le rock, qui a considérablement modifié les «contours de la mélomanie », a ses lettres de noblesse chez les diplômés, mais pas dans les milieux ouvriers.
• Le cinéma fédère
57 % des Français sont allés au moins une fois au cinéma dans les douze derniers mois, 90 % d'entre eux ont un magnétoscope ou un lecteur de DVD. Toutes les classes d'âge et tous les milieux sociaux sont concernés. Les films comiques arrivent toujours en tête des genres préférés (44 %), suivis des films d'action, puis des films policiers. Les moins de 35 ans favorisent nettement les films américains, tandis que le cœur des plus de 45 ans penche nettement en faveur de la production française.
• Musées, concerts et théâtres séduisent les Parisiens
Depuis douze ans, les sorties et les visites culturelles sont stables. Les Parisiens intra-muros, gâtés par une offre très abondante, sont les premiers à se rendre au cinéma, dans un musée ou au théâtre (60 %). Ils sont d'ailleurs les seuls à se rendre plus souvent dans un musée (65 % contre 30 %) et au théâtre (56 % contre 19 %) en 2008 qu'ils ne le faisaient en 1997. Ce dernier genre, que l'on croyait en panne, résiste : 13 % des Français de plus de 15 ans sont allés une ou deux fois au théâtre dans l'année, contre 9 % il y a douze ans. Le succès des one-man-show et des comiques y serait pour beaucoup.
• Le livre perd des points
De plus en plus de Français ne lisent aucun livre dans l'année. La proportion de «non-lecteurs » atteint 30 %, et ceux qui lisent peu lisent de moins en moins d'ouvrages. De fait, chaque génération lit moins que la précédente. L'honneur du livre est sauvé en partie par les femmes (34 % ont lu dix livres ou plus dans les douze derniers mois). Conséquence logique de la baisse de la lecture : les bibliothèques souffrent.
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