La filière du recyclage attend l'embellie
Les Echos |Le 29/11/2016
La baisse du prix des matières premières conjuguée à une diminution de la consommation mondiale de matériaux ont affecté en 2015 ce secteur. Aucune embellie n'est prévue avant deux à trois ans.
Moral en berne pour la Fédération des entreprises du recyclage (Federec). Ses 1.300 adhérents dont font partie Sita, Suez et Veolia pour les grands groupes et Derichebourg, Paprec et GDE (Guy Dauphin Environnement) pour les ETI, ont vu le chiffre d'affaires de leur secteur accuser une baisse de 6,6 %, passant de 9 milliards d'euros en 2014 à 8,3 milliards d'euros en 2015. Résultat, le secteur a perdu 50 établissements de recyclage, tombant à 2.250 en 2015 pour 26.100 employés (-1,4 %) par rapport à 2014 où les effectifs enregistraient, au contraire, une progression de 1,8 %. Quant aux investissements, ils ont fondu de 524,4 millions d'euros en 2014 à 476,2 millions d'euros en 2015 (-9,4 %).
« En termes de volumes de matières collectées (soit 99,7 millions de tonnes), le secteur est en stagnation par rapport à 2014 », résume Jean-Philippe Carpentier, président de Federec qui représente 80 % du secteur. La période est difficile en raison de la baisse des prix des matières premières comme les fossiles (pétrole, charbon) ou le minerai de fer. Parmi les segments les plus touchés, les ferrailles et métaux recyclés subissent la baisse de la production et de la demande mondiale. Le métier du recyclage des métaux est d'autant plus difficile que le minerai de fer, à l'instar du pétrole, a vu son prix divisé par deux en 2014. « Même scénario pour le cuivre, l'aluminium et le zinc qui ont vu diminuer la valeur de leur prix de vente », explique le président de Federec.
Résultat, le différentiel de prix étant moins important, les industriels préfèrent se procurer de la matière vierge. Du coup, la matière recyclée a du mal à se positionner. Qu'on en juge, les recettes de la filière des métaux ferreux (2,1 milliards d'euros) chutent de 31 % par rapport à 2014 tandis que celui de la filière des non ferreux (2,9 milliards d'euros) baisse de 7,1 %.
Du mieux du côté du BTP
Par ailleurs, certains matériaux peinent à trouver des débouchés. A commencer par le textile. Le volume collecté en 2015 (200.000 tonnes contre 175.000 tonnes en 2014) progresse mais ses débouchés se rétractent du fait de l'instabilité des marchés africains. Du côté du bois, du papier et du carton, malgré un volume recyclé stable, les débouchés se restreignent aussi du fait de la fermeture, notamment en France, des entreprises de papeterie et de cartonnerie. Concernant le plastique, le volume collecté progresse de 1,8 % en 2015 avec 876.000 tonnes. Là aussi, le chiffre d'affaires, 200 millions d'euros, se contracte (20 %) à cause la baisse du prix du baril du pétrole.
Dans ce panorama, une lueur vient du côté du BTP qui constitue un gisement émergent grâce à la loi sur la transition énergétique. Laquelle oblige à valoriser et recycler les déchets de chantier. 39 millions de tonnes ont ainsi été collectées en 2015 pour être réutilisées en voirie sous forme d'agrégats. En plein essor, cette filière a vu ses ventes augmenter de 2,6 % en 2015 après une année de stabilité. L'essentiel des tonnages (25,4 Mt) provient de la démolition et de la déconstruction, suivi par la réhabilitation de bâtiments (11,3 Mt) et la construction neuve (2,3 Mt).
Pour autant, Federec ne voit pas d'embellie avant deux ou trois ans : « La production et la consommation mondiales baissent et les mesures prises par le gouvernement, par exemple le dispositif Orplast favorisant l'usage de plastiques recyclés dans les biens produits, ont une portée limitée compte tenu des difficultés rencontrées par le secteur. » Des perspectives que tendent à confirmer les dernières prévisions de la banque mondiale qui tablent pour 2016 sur une diminution du prix du pétrole, du gaz naturel et du charbon de 16 %. Et de 3,7 % pour les matières premières telles que les métaux et minerais.