Depuis quelques jours la SNCF propose un Eco-comparateur permettant de comparer les coûts et rejets en CO2 de 3 moyens de transport : le train (évidement), l'avion et la voiture. Vous pouvez le tester ici.
Si l'idée de base est louable et même très bonne, les résultats semblent malheureusement orientés commercialement, pire ils donnent des idées fausses aux consommateurs non initiés...Voici quelques brèves analyses.
1) Les rejets en CO2 pris en compte pour le train ne sont pas corrigés suivant les pays européens.On peut raisonnablement supposer (pour orienter les résultats au "bénéfice" de la SNCF) que ce sont les rejets francais, c'est à dire parmis les plus favorables d'Europe ("merci" l'électronucléaire français), qui sont pris en compte.
La preuve en images avec 2 trajet européen et un trajet nationnal :
1) Paris-Berlin (environ 1050km) :
2) Paris-Madrid (environ 1300km) :
3) Lille-Marseille (environ 1000km) :
Pour information et suivant cet ouvrage les rejets en CO2 pour produire un kwh électrique sont respectivement de :
* Allemagne : 600 grammes.
* Espagne : 480 grammes.
* France : 90 grammes.
Les images ci-dessus parlent d'elles même...
2) Les émissions CO2 des avions semblent largement sous-estimées.En effet, si il est vrai de parler d'emission en CO2 équivalentes, voir moindres, à la voiture pour des trajets long courrier dans des avions gros porteur comme l'A380 en pleine charge comme le montre cet article, ce raisonnement n'est plus applicable pour les courts courriers et vols régionaux.
Selon Wikipédia, un ATR (avion régional des années 1980) et un Airbus A318 (avion moderne moyen courrier) consomment, dans les meilleurs des cas (pleine charge et plus longue distance franchissable), plus de 7L au 100 par passager soit grosso modo 16 à 17kg de CO2. Les valeurs de CO2 estimées par la SNCF pour les avions sont donc non seulement idéales (meilleur des cas) mais également inférieur à la voiture...
L'ingénieur Jean-Marc Jancovici a écrit un article à propos des chiffres du transport aérien (local et longue distance) que vous pouvez lire ici.
3) Les émissions (et donc les consommations) de la voiture semblent sur-estimées.Loin de nous de défendre l'utilisation de la voiture individuelle néanmoins les émissions CO2 de la voitures "moyenne" de la SCNF nous semblent exagérés. En effet, selon les équations de combustion : 1L d'essence brulé rejette 2,3 kg de CO2 et 1L de gasoil rejette 2,6 kg de CO2. Comparons un trajet Paris-Strasbourg de l'ecocomparateur.
Il est bon de préciser que la SNCF semblerait utiliser Mappy pour ses calculs voitures puisque les trajets ont systématiquement la même durée (à une minute près), nous nous baserons donc sur les données détaillées de Mappy et "étudions" un trajet Paris-Strasbourg avec une voiture moyenne du constructeur "MapSNCF".
La voiture moyenne du constructeur "MapSNFC" consommerait donc : 98/2,3 = 42,6L d'essence ou 37,7L de gasoil pour 488 km soit 8,7L d'essence et 7,72L de gasoil.
C'est beaucoup compte tenu des évolutions moteur actuel : notre twingo de 2002, consomme au maxi 5,5L d'essence au 100km (et il n'est pas rare d'atteindre 4,2 à 4,5L sur des petits trajets de campagne) et la plupart des diesel modernes dépassent rarement les 6,5L au 100 sur long trajet.
Conclusion.Pour conclure trés rapidement, si l'idée originale semblait très intéressante pour sensibiliser les gens, il est finalement bon de rappeler que le but de la SNCF est de vendre des billet de train et...d'avion.
Cet "eco"comparateur n'est peut être donc pas si impartial que cela...Peut-on parler d'abus du marketing sous couvert d'ecologie et de comportement eco-citoyen ? Rien n'est moins sûr...Quoiqu'il en soit dans d'autres circonstances, certains évoqueraient de la publicité mensongère ou de la tromperie mais avec l'environnement on sait être tolérant...