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France et privilèges: les cumulards de l'élite française

Publié : 19/10/09, 13:09
par Christophe
Encore un bon dossier du Nouvel Obs qui va faire enrager plus d'un contribuable...

Politique, médias, business...

Les rois du cumul

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Les élites françaises excellent dans l'art d'additionner les mandats, les emplois, les charges et les missions. Dilettantisme, conflits d'intérêts et exclusion des nouveaux entrants : les effets pervers sont nombreux et les «cumulards» ont mauvaise presse

Combien d articles ecris-tu par semaine ?», a demandé un jour pour s'amuser l'historien Alain-Gérard Slama à Alain Duhamel.«Dix. Et toi ? - Huit seulement» Drôle de concours pour des intellectuels... En tout cas, ceux-là ne dédaignent pas le sport national, appelé pudiquement la «multipositionnalité». En d'autres termes : le cumul. Il faut dire qu'en France le «cumulant» (ou «cumulard», en plus péjoratif) a de multiples opportunités : il peut simultanément être prof (à Sciences-Po, en général), siéger dans un comité quelconque (Conseil économique et social...), participer à une émission de télé, détenir un jeton de présence dans une boîte, être élu, diriger une mission, écrire des livres... Il est de bon ton, quand on appartient à l'élite, de ne rien refuser. Mieux, d'en réclamer davantage, à l'image d'un Henri Proglio, bientôt président de Veolia et d'EDF (voir p. 26). Le phénomène est d'autant plus admis que la famille Sarkozy est devenue championne toutes catégories : le président fait office de Premier ministre, il ne s'en cache pas, la première dame continue à composer des albums, et Jean, le fils, conseiller général des Hauts-de-Seine, est sur le point de rafler, à 23 ans, la tête de l'établissement public de la Défense avant celle du département du 92. Deux postes occupés précédemment par son père.

Le cumul peut, on le voit, se pratiquer en solo ou à plusieurs, de façon simultanée ou dans la durée. «La circulation des élites entre le secteur public et le secteur privé favorise le phénomène en France, analyse Pierre Bitoun, sociologue à l'Inra (1). Comme un Jacques Attali qui passe de son activité de conseil à une mission sur la croissance ou unAlainMine qui conseille à la fois Vincent Bolloré et Nicolas Sarkozy.» L'affaire n'est pas une question d'âge : derrière les Slama (67 ans), Erik Orsenna (62 ans), Bernard-Henri Lévy (60 ans), pousse la nouvelle génération comme le jeune (33 ans) Raphaël Enthoven (Sciences- Po, Ecole polytechnique, France-Culture, Arte, «Philosophie Magazine», «l'Express»). La tendance semble en revanche plutôt masculine, les rares femmes, comme Dominique Voynet en politique, font figure d'exceptions.

Ce qui les meut ? L'argent, le prestige et le goût du pouvoir. Mais pas seulement. Tous avancent des explications plus nobles. Alain- Gérard Slama (France-Culture, «le Figaro», «le Fig Mag», RTL...) se voit plutôt comme un patron de PME. «Bien sûr que je suis un cumulard, plaisante-t-il. Mais tout procède de la même matrice. Je ne fais que diversifier mon unique activité : expliquer la société française.» D'autres justifient leur hyperactivité par leurs (hyper)compétences, comme Michel Rocard, multimissionné par Sarkozy : «Pourquoi donc voulez-vous que je m'emmerde à ne rien faire alors que je peux être utile au pays ?» («le Monde» du 28 août). Bruno Patino, le très réputé patron de France-Culture, réfute l'étiquette, même s'il dirige en même temps l'école de journalisme de Sciences-Po : «A la radio, je fais plus que mes heures, j'y suis le matin entre 6 h 45 et 7 h 15. Et à Sciences-Po mon rôle est de donner les grandes orientations. E ne vous a pas échappé qu'une directrice executive est là à temps plein.» Certains jurent qu'ils n'ont pas le choix. «C'est un métier de mannequin, confesse un chroniqueur multicarte. Qu'est-ce que tu fais quandle milieu décide que t'es vieux, has been et nul ?» Il faut donc durer, se montrer, se diversifier. Les profs d'université ? Les institutions paient mal, disent-ils, alors ils compensent. Celui-ci préfère garder l'anonymat pour raconter sa double vie : le jour, il enseigne et gère plusieurs départements d'une fac parisienne et siège aussi à son conseil d'administration. La nuit, il double son salaire en réalisant des audits pour des entreprises privées. Sans oublier son cours à Sciences- Po, une émission de télé hebdomadaire, des colloques... «C'est aimablement délirant», reconnaît-il. Les politiques, eux, avancent plutôt l'argument de l'efficacité. «La capacité d'action et d'influence d'un cumulard à Paris et sur sa terre d'élection est sans commune mesure [par rapport à celle] d'un simple député et d'un président de conseil général isolé dans sa province», justifiait il y a peu Arnaud Montebourg dans l'hebdomadaire «Marianne».

Absentéisme parlementaire, conflits d'intérêts, emploi du temps de folie, les effets pervers sont connus. Mais le pire, c'est que les cumu- lards finissent par édifier une barrière difficile à franchir pour les nouveaux entrants. «C'est une dérive de notre système méritocratique, analyse Pierre Sadran, prof à Sciences-Po Bordeaux. Quand on a fait ses preuves, d'autres portes s'ouvrent Ensuite, personne ne vous conteste.» Résultat, la moyenne d'âge de la classe politique française est la plus élevée d'Europe et, dans les grandes entreprises, le casting se renouvelle peu. «Si les procédures étaient transparentes et ouvertes, croyez-vous qu'on retomberait exactement sur ceux qui sont actuellement dans les conseils d'administration du CAC 40 ?», s'interroge David Thesmar, prof de finances à HEC
Alors, tous bloqués par une élite endogame ? La récente proposition du PS sur la limitation des mandats va dans le bon sens; sur Facebook, les groupes anti-cumul se comptent par dizaines. Et un blog hébergé par l'assemblée a un intitulé révélateur de l'ambiguïté générale sur le sujet : «Un mandat sinon rien, ou peut-être un second, mais après je m'arrête...» Un bon début.

(1)Auteur des «Cumulards, la confiscation de l'argent, du pouvoir et delà parole» (Editions Stock, 1998), téléchargeable sur http : llwumi.ivry.inra.fr/monal (cliquer sur «publications»).

Eve Roger
Le Nouvel Observateur


Source: http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/paruti ... cumul.html

Dossier à lire ici: http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2345/

Publié : 19/10/09, 13:39
par Capt_Maloche
ARF !

En république Médiocratique (TM Capt_Maloche Econologie.com :cheesy: ) il est de mise de cumuler les mandats (les salaires) pour être le plus connu possible (à raconter des conneries le plus souvent, peu importe du moments que ça fait de la pub) et ainsi prétendre au poste suprème

Publié : 19/10/09, 13:50
par Christophe
Ouep Maloche mais y a pas que les elites qui cumulent, en "bas" aussi ca cumule et, en grande partie, à cause de l'incompétence de ceux du "haut" : chômage, rmi, rsa, précarité...

Bref beaucoup de français cumulent la misère et la précarité... :evil: :evil: :evil:

Publié : 19/10/09, 14:03
par Remundo
Capt_Maloche a écrit :ARF !

En république Médiocratique (TM Capt_Maloche Econologie.com :cheesy: )

Oh celle là elle est bonne... :D

de là à la république merdiocratique :|

Publié : 19/10/09, 14:05
par Christophe
Ah non Remundo, médiocratique ca suffit car ca inclu "médiocre"...et on comprend que les médias sont responsables de ce fait...

Encore un beau néologisme made in econologie :mrgreen:

Publié : 19/10/09, 15:40
par elephant
J'ai l'autre jour fait un petit calcul sur la base de la liste des mandataires publics belges et de leurs mandats: un document passionnant de 936 pages.

Les mandataires publics belges sont tenus de déclarer leurs mandats publics et privés, rémunérés ou non.

Si l'on voulait limiter le nombre de mandats publics rémunérés à ceux qui permettent d'obtenir un revenu net égal à l'indemnité parlementaire et faire exercer les autres mandats par des chômeurs, rien que pour la petite Belgique, on pourrait créer environ 2000 emplois. Et pas des emplois pour gamins !

Il est bien évident qu'il y aurait exception pour les ministres, ce métier n'étant pas de tout repos ( mais néanmoins un seul mandat )

Celà ne concernerait pas les mandats privés ( il est normal de rester administrateur d'une entreprise ou avocat tout en étant maire ou député, me semble-t-il. D'ailleurs ces personnes désignent généralement un remplaçant et se contentent de superviser l'entreprise.

Publié : 19/10/09, 17:02
par Lietseu
+1 Xtophe pour ce sujet
+1 eléphant pour cette réponse :shock:

Avis a tous, ce soir sur France 2 à 22H15 ne manquez pas l'excellente émission "Complément d'enquête" dont le thème vas dans le sens de se post : Corruption, le grand retour?; Sous-marins et dessous de table...et aussi "my député is rich"


Miaou :P

Publié : 19/10/09, 17:48
par elephant
ne fantasmons quand m^me pas trop sur l'indemnité parlementaire des députés français: quand tu es député des pyrénées orientales, il te faut absolument un pied à terre à Paris, et pas un 12 m² à Barbès, et payer quelqu'un pour te remplacer ( au moins partiellement) dans ton entreprise.

Publié : 19/10/09, 17:53
par Christophe
Lietseu a écrit :Avis a tous, ce soir sur France 2 à 22H15 ne manquez pas l'excellente émission "Complément d'enquête" dont le thème vas dans le sens de se post : Corruption, le grand retour?; Sous-marins et dessous de table...et aussi "my député is rich"


Dites donc c'est la période des reportages "on se fout de la gueule du peuple" ou quoi... ?

Publié : 19/10/09, 18:12
par elephant
Christophe a écrit :
Dites donc c'est la période des reportages "on se fout de la gueule du peuple" ou quoi... ?


Des reportages seulement :mrgreen: :cry: