LEMONDE.FR, le 01.06.2010 a écrit :Glaciation des relations turco-israéliennes
Les relations entre la Turquie et Israël, alliés stratégiques depuis la signature d'un accord de coopération militaire en 1996, sont tombées au plus bas après le raid des militaires israéliens contre une flottille chargée d'aide humanitaire à destination de Gaza. Une attaque qui aurait fait neuf morts, dont au moins quatre Turcs. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié mardi l'assaut de "massacre sanglant", d'"attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine" demandant qu'Israël soit "absolument puni" pour son "opération inhumaine".
Lors d'un discours très dur contre l'Etat hébreu, prononcé devant les députés de son parti (l'AKP, issu de la mouvance islamiste), M. Erdogan a averti qu'"Israël ne devait pas mettre à l'épreuve la patience de la Turquie". "L'amitié de la Turquie est précieuse, mais son inimitié est d'autant plus violente". Ankara a dénoncé lundi un acte de "terrorisme d'Etat" et rappelé son ambassadeur en Israël. M. Erdogan, qui a accusé l'administration israélienne de mener une "politique mensongère" et "insolente", a appelé la communauté internationale à enquêter sur cet incident.
Dès lundi, Ankara annonçait l'annulation d'exercices militaires communs avec Israël. Le ministre de l'énergie, Taner Yildiz, a même évoqué à demi-mot la possibilité de remettre en cause le projet de pipe-line Medstream entre les deux pays : "Une décision stratégique pourrait être prise sur instruction du premier ministre."
"CHOISIR ENTRE LE BIEN ET LE MAL"
En visite mardi à Washington pour rencontrer la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a estimé que l'assaut aura des conséquences durables sur le processus de paix au Proche-Orient. Ankara va ainsi suspendre ses efforts de médiation en vue de la relance des négociations israélo-syriennes, a-t-il précisé devant la presse.
"Comment croire que nous avons un partenaire qui souhaite vraiment la paix s'il ne respecte pas les citoyens d'un pays ami ? S'ils [les Israéliens] n'agissent pas, comment pouvons-nous convaincre la Syrie ou d'autres pays de la région qu'ils veulent la paix ?" a poursuivi le ministre des affaires étrangères.
D'un autre côté, et c'est à peine croyable:
l'administration américaine lâche les faucons (et donc l'aile dur d'Israël)
AFP, 17 avril 2010 a écrit :Sécurité nationale:
Obama enterre la rhétorique guerrière de Bush [sur le terrorisme]
WASHINGTON — Une nouvelle stratégie dévoilée jeudi par l'administration de Barack Obama abandonne la terminologie de "guerre contre le terrorisme" et désigne Al-Qaïda comme principal ennemi, mais souligne que le seul usage de la force ne peut pas garantir la sécurité des Etats-Unis.
La Maison Blanche devait publier jeudi sa "Stratégie de sécurité nationale", un document cadre sur la manière dont les Etats-Unis évaluent et contrent les menaces, qui a fait l'objet d'intenses consultations au sein de l'administration Obama depuis 16 mois, et dont l'AFP a obtenu copie.
"Nous chercherons toujours à délégitimer l'usage du terrorisme et à isoler ceux qui y ont recours", indique ce document de 52 pages qui sonne formellement le glas de la rhétorique élaborée par l'administration de George W. Bush après le 11-Septembre, en particulier la notion de "guerre contre le terrorisme".
"Ce n'est pas une guerre mondiale contre une tactique - le terrorisme - ou une religion - l'islam -", précise le texte, qui succède à une précédente version élaborée par l'équipe Bush en 2006 et formalise le credo déjà énoncé par M. Obama en la matière.
"Nous sommes en guerre contre un réseau spécifique, Al-Qaïda, et ses terroristes affiliés qui appuient les efforts pour attaquer les Etats-Unis, nos alliés et partenaires", souligne le document.
Le texte met l'accent sur les menaces que représentent les éléments radicalisés n'ayant pas le profil traditionnel de terroristes, comme le jeune Nigérian ayant essayé de faire exploser un avion de ligne au dessus du territoire américain le jour de Noël, ou encore le père de famille américain d'origine pakistanaise soupçonné d'avoir voulu perpétrer un attentat à la voiture piégée à New York le 1er mai.
"Notre meilleure défense contre cette menace réside dans des familles, des collectivités locales et des institutions bien équipées et informées", selon ce document qui précise que "le gouvernement va investir dans le renseignement pour comprendre cette menace".
Autres axes de la nouvelle stratégie: la lutte contre les crises économiques et le réchauffement climatique, dont les conséquences peuvent mettre en péril la sécurité des Etats-Unis.
Le document décrit un monde aux prises avec des menaces en mutation et tend à redéfinir ce que sera la politique étrangère américaine après deux guerres sanglantes en Irak et en Afghanistan et une crise économique mondiale.
Il prévoit de mener une évaluation poussée des intérêts américains à l'étranger et de l'usage de la force, pointant un grand nombre de menaces allant de la cyberguerre aux épidémies en passant par les inégalités.
Pour atteindre ces objectifs, la nouvelle stratégie propose de s'appuyer sur la puissance militaire mais également la diplomatie, les leviers économiques, l'aide au développement et l'éducation.
"Notre sécurité à long terme ne viendra pas de notre faculté à susciter la peur chez d'autres peuples, mais de notre aptitude à répondre à leurs aspirations", a affirmé M. Obama.
Le document préconise toutefois une approche "sans illusion" dans les relations avec les ennemis des américains comme l'Iran et la Corée du Nord, avertissant ces derniers qu'ils s'exposent à l'isolement s'ils continuent à ignorer les propositions concernant leurs programmes nucléaires controversés.
Le texte marque une évolution de la politique du président Obama vers plus de réalisme, 16 mois après le début d'une présidence teintée de l'idéalisme de sa campagne.
Le document maintient la possibilité pour les Etats-Unis de lancer des actions militaires unilatérales, mais sous des conditions plus strictes que ne le prévoyait la politique de l'administration Bush.