thibr a écrit :mais on entend trop ceux qui n'y connaissent rien
Parler avec assurance de choses qu'on ne connaît pas, c'est l'ultracrépidarianisme. Explications avec le philosophe et physicien Étienne Klein.
Étienne Klein a complètement raison. L'ultracrépidarianisme, un mot précieux à connaître car il résume une maladie générale aujourd'hui, qui pourrit la société. Pourquoi ? Parce qu'à partir du moment où ce n'est plus la compétence et les arguments rationnels qui sont utilisés pour agir, notamment en politique, mais des croyances, des digressions à partir des faits ou des connaissances, des affabulations générées par de la vulgarisation scientifique mal comprise, des impressions et des affects complètement déconnectés des réalités techniques, on entre dans l'arbitraire.
Comme domaines marquant où l'on parle dans l'ignorance et l'arbitraire, Étienne Klein cite les OGM, le nucléaire et bien sûr la COVID. Quand on entre dans l'arbitraire, on entre dans la dictature, et on le voit bien avec la COVID. Se promener en voiture, aller en forêts ou sur des bords de mer peu fréquentés, ne sont un risque sanitaire pour personne. Mais c'est interdit en France actuellement. Interdit pourquoi ? Parce que dans ces lieux, on ne peut pas nous contrôler. En ne se limitant pas à des actions basées sur la connaissance technique et scientifique, on est bien entré dans une dictature.
Car il y a une conséquence de l'ultracrépidarianisme dont Étienne Klein n'a pas parlé. Quand dans la société il est devenu courant voire normal pour chacun de parler de ce qu'il ignore, de dénoncer des faits qui ont pourtant de bonnes raisons, de "crier sa colère" ou pousser des coups de gueule pour tout et n'importe quoi, et d'exiger des mesures allant dans le sens de sa subjectivité d'incompétent, les plus malins qui veulent vous manipuler singent cette posture sciemment, au premier rang desquels, les politiques. Il est en effet connu en psychologie qu'un des meilleurs moyens pour communiquer, en fait manipuler, c'est le mimétisme. Ainsi les incompétents englués dans leur Dunning-Kruger voient leur propre posture chez les décideurs politiques jouant sur les affects au nom d'une santé dont les éléments techniques sont sélectionnés avec partialité et ceux allant au-delà de la santé sont ignorés. Ils s'y reconnaissent et acceptent sans broncher leurs exigences au nom de la santé, comme la nécessité d'un Ausweis pour sortir de chez soi.
Malheureusement, qu'on n'entende pas les ingénieurs n'est pas de leur fait. Ils s'expriment bien, mais techniquement et scientifiquement. Et s'ils vulgarisent, c'est presque pire que le mal car tous les incompétents pensent alors maîtriser le sujet.
Pour entendre les ingénieurs, et les techniques en général, il faut soi-même faire des très gros efforts de formation, d'analyses, passer beaucoup de temps en étude des sujets, et ce n'est pas à la portée de tout le monde. Normalement c'est ce que sont censés faire les décideurs et leurs conseillers : trouver où est la compétence, la solliciter chez ceux qui la détienne, et baser les actions sur elle.
On en est loin aujourd'hui : l'incompétence scientifique et technique des politiques et des décideurs est telle qu'ils ne savent souvent même pas sur qui s'appuyer, et leur perversion est telle que même s'ils ont bien ciblé la compétence, ils la manipuleront pour mieux asseoir leur exercice du pouvoir. L'infantilisation et le contrôle du citoyen aujourd'hui par la gestion de la COVID est typique de cet état de fait.