Vous n’avez pas réalisé vos travaux d’isolation cet été ? Il est encore temps de vous y intéresser pour garder la chaleur à l’intérieur de votre maison cet hiver (et la fraicheur l’été prochain). L’occasion aussi de réaliser de précieuses économies sur vos factures énergétiques, un argument non négligeable en cette période de fortes augmentations généralisées.
Rappelons les principes de base en matière d’isolation
Dans toute habitation, des échanges de chaleur ont lieu entre l’intérieur et l’extérieur de la maison. En hiver c’est la chaleur de l’intérieur qui a tendance à se perdre du fait des températures extérieures plus froides. Alors qu’en été, la chaleur extérieure finit par pénétrer dans l’habitation. Dans les deux cas, cela peut vite entrainer un inconfort pour les habitants et des dépenses énergétiques supplémentaires (chauffage, climatisation etc). Ces dépenses d’énergie vont dépendre essentiellement de 2 paramètres :
- La résistance thermique de la paroi d’échange, c’est à dire sa capacité à ralentir les flux de chaleur, autrement dit sa capacité isolante. La résistance thermique d’une paroi dépend du matériau qui la constitue et de son épaisseur. En règle générale, plus un matériaux contient d’air (plus il est léger et a une masse volumique faible), mieux il isole.
- La différence de température entre les 2 cotés de la paroi isolante, c’est à dire la température intérieure « désirée » et la température extérieure « subie ». Visiblement, ce concept thermique de base a échappé à quelques médiocres journalistes et faux experts
Bien qu’il ne soit pas possible d’empêcher ces échanges en totalité car une résistance thermique infinie n’existe pas, il est possible de les réduire fortement en mettant en place une isolation adaptée.
Pour ce faire, il existe deux possibilités. Isoler la maison par l’intérieur, ou isoler toitures et façades directement par l’extérieur.. Les deux solutions comportent des avantages et des inconvénients qui seront à évaluer au cas par cas.
Pour être efficace, l’isolation de votre habitation devra absolument être le plus continue possible. En effet il faut à tout prix éviter la présence de ponts thermiques, qui sont des endroits de l’habitation où l’isolation est inexistante ou endommagée, permettant à nouveaux de forts échanges de chaleur entre intérieur et extérieur. A noter qu’une isolation mal réalisée risque de créer ou d’amplifier des soucis d’humidité ou de moisissures dans votre logement. Les ponts thermiques sont également responsable à eux seuls, de 5 à 10% des déperditions d’énergie d’une habitation.
Bien souvent, les ponts thermiques se forment au niveau de la jonction entre deux éléments de votre habitation. Notamment à la jonction entre les façades et sols/planchers de la maison ainsi qu’à celle entre les façades et la toiture. Ils peuvent aussi être causés par la mauvaise pose des matériaux d’isolation, ou leur dégradation (tassement etc), on les appelle alors des ponts thermiques intégrés.
Pour vérifier la présence de ponts thermiques dans une habitation, plusieurs solutions existent. Tout d’abord, leur présence entraine parfois des signes visibles, tels que de la buée ou condensation au niveau des vitres, des courants d’airs malgré que les issues soient fermés, des problèmes de moisissures. Il est aussi possible de repérer précisément les ponts thermiques à l’aide d’une caméra thermique comme l’explique la vidéo suivante :
Quels sont les principaux matériaux utilisés en isolation ?
Il existe trois grandes familles d’isolants :
- d’origine synthétique
- d’origine minérale
- d’origine naturelle
Il est également possible d’ajouter une quatrième famille comprenant un nouveau type « d’isolants » dit « matériaux réfléchissants ». Ce ne sont pas à proprement parler des isolants, mais leur propriétés peuvent tout de même se montrer intéressantes en matière d’isolation dans certains cas particuliers.
Le choix d’un matériaux ou d’un autre devra se faire selon plusieurs critères. Le lambda (λ) d’un matériaux d’isolation, par exemple, représente la conductivité thermique, c’est à dire la capacité d’isolation de celui-ci. Plus il est faible, et plus le matériaux sera isolant. Cependant, à lui seul, il ne suffit pas pour effectuer son choix. La résistance thermique, aussi nommée R doit également être prise en compte. R définit la capacité d’un isolant à résister à la chaleur, elle dépend du λ ainsi que de l’épaisseur (e) de matériaux utilisée selon la formule suivante :
R = e/λ.
Comme dit plus haut, une paroi plus épaisse isolera mieux. Doubler l’épaisseur d’isolant double sa résistance thermique.
Plus R est élevée et meilleure sera la capacité d’isolation du matériaux mis en place. Mais de nombreux autres paramètres sont aussi à prendre en compte : écologie bien sur, mais pas au détriment de la sécurité en cas d’incendie, ou encore de la résistance contre les nuisibles (insectes, rongeurs, moisissures, humidité etc). Une isolation réussie prend en compte toutes ces composantes afin d’associer les bon matériaux aux bon usages.
Les isolants synthétiques
Les isolants d’origine synthétique sont composés de polystyrène ou de polyuréthane. Bien que ce ne soient pas les plus écologiques, ils ont quand même des propriétés intéressantes en isolation et ne sont donc pas totalement à exclure de vos travaux de rénovation. D’autant que parfois, la situation ne laisse pas d’autre choix. Ainsi les billes de polystyrène à injecter ou la mousse de polyuréthane seront parfois les seules options possibles pour des espaces à isoler très restreints en terme de hauteur.
Le grand avantage des isolants synthétiques est leur tenu dans le temps. A l’abri des UV, un panneau de polystyrène ne se dégradera pas pendant des siècles et conservera ses propriétés isolantes. Ce sont également les isolants qui ont les meilleures performances thermiques mais ce sont aussi les plus couteux au m².
Les isolants minéraux
Dans les isolants minéraux, on retrouve l’incontournable laine de verre, qu’il serait pourtant parfois bon de pouvoir éviter. En effet, elle se révèle irritante pour les voies respiratoires, et susceptible de se tasser dans le temps et de prendre l’humidité ce qui fait chuter ses capacités isolantes. Quand les moyens le permettent, il semble préférable dans cette catégorie d’isolants,de lui préférer la laine de roche dont les propriétés sont semblables. Sa longévité est moindre mais elle offre une meilleure protection contre la chaleur en été et ne pose pas de souci pour la santé.
Les isolants naturels
Du côté des isolants naturels, les formes et types sont variés, laissant un large panel de possibilités adaptées à vos travaux. Le principal défaut de cette catégorie d’isolants, s’il faut en citer un, serait sa résistance en cas d’incendie ou contre les nuisibles assez faible. Mais il est possible d’appliquer des traitements pour pallier à ces soucis. Leur prix peut par contre se révéler tout à fait abordable à condition de choisir un isolant produit localement et de s’adresser au producteur plutôt qu’à un revendeur spécialisé.
Attention cependant, les traitements évoqués ci dessous risquent alors de devoir être faits par vos soins.
La vidéo suivante détaille les différents types d’isolants que vous pouvez utiliser ainsi que leurs caractéristiques :
Les isolants minces ou matériaux réfléchissants
Enfin, les isolants minces constituent la dernière familles de matériaux utilisés en isolation. Ils sont multicouches, souvent fabriqués à partir d’une épaisseur de laine minérale ou de papier bulle piégée entre deux couches d’aluminium réfléchissant. Ils ont comme objectif d’éviter les déperditions de chaleur par rayonnement, en réfléchissant la chaleur à l’intérieur de l’habitation. Cependant, ces isolants sont globalement moins performants. Ils sont généralement utilisés en complément d’autres types de matériaux d’isolation, ou lorsque la place occupée par l’isolant est un enjeu majeur des travaux. Ils ont tout de même l’avantage, en plus de ne pas prendre beaucoup de place, d’être légers et facile à manipuler et poser. Il faut cependant veiller à ce que leur continuité soit assurée car une mauvaise pose entrainera des soucis d’humidité ou de moisissure. Enfin il semblerait qu’ils puissent entrainer un effet faraday en réfléchissant une partie des ondes des appareils électroniques à l’intérieur de l’habitation. Cependant cet effet serait en réalité assez modéré.
Vous trouverez ici une étude technique sur les isolants minces à télécharger gratuitement.
Isoler avec une…lame d’air
Comme dit plus haut, c’est l’air qui est contenu dans les matériaux isolants qui donne leurs capacités isolantes. Il est donc tout à fait possible d’isoler avec une lame d’air. C’est cette technique qui a été utilisé durant des décennies avant guerre sur certaines construction avant l’apparition des isolants sur le marché. C’est la technique du double mur creux.
Néanmoins cette technique avait ses limites car pour qu’une lame d’air isole bien, il faut d’une part bloquer le rayonnement avec un matériau réflecteur de type isolant mince et d’autre part bloquer la convection de la lame, au moins, verticalement. Pour plus d’informations sur cette technique, facile et pas très chère, vous pouvez lire cette page : isoler avec une lame d’air
Exemple d’isolation : le vide sanitaire !
Le vide sanitaire, parfois aussi appelé vide ventilé, se situe sous la maison. Il s’agit de la surface d’air qui la sépare de la terre du sol. Cette surface est bien souvent trop petite pour être considérée comme habitable : la hauteur de plafond d’un vide sanitaire peut aller de 20cm à 1m80. Étant composé d’air, le vide sanitaire est en lui même naturellement isolant. Cependant, 7 à 10% des déperditions de chaleur d’une habitation se font au niveau de la jonction entre le plancher et le vide sanitaire. Il est donc intéressant de renforcer cette isolation pour réaliser des économies plus importantes (environ 10 à 15% de réduction sur la facture d’énergie). De plus, l’isolation du vide sanitaire pourra aussi atténuer voir supprimer la sensation de froid au niveau du plancher de votre habitation, ainsi qu’éviter l’éclatement des tuyauteries du fait du gel.
Le type d’isolation réalisée devra par contre bien souvent s’adapter à la configuration des lieux. Quatre méthodes sont envisageables dans le cas de ce type d’isolation.
- La première (et la plus efficace quand elle est possible), consiste à isoler le plafond du vide sanitaire. Cette option nécessite que ce dernier ait une hauteur minimale de 45 cm pour permettre à un ouvrier de s’y faufiler pour la réalisation des travaux. Le gros avantage de cette solution reste qu’elle ne nécessite pas de démolir ou démonter le revêtement du plancher de votre habitation. Cependant, en cas de tuyauteries posées au plafond de votre vide sanitaire elle peut se montrer plus compliquée. Elle peut se réaliser à l’aide de matériaux isolants sous forme de panneaux rigides, de laine en rouleaux ou encore de mousse projetée.
- La seconde option consiste à isoler le plancher de l’habitation. Ce type d’isolation doit prendre en compte les contraintes liées à la pose ultérieure du revêtement. Ainsi il faudra penser à la tenue du revêtement (collage par exemple ?), au poids de pression exercé sur le matériaux isolant etc. Cependant, dans le cas de travaux de rénovation incluant le sol de l’habitation cela reste une option intéressante mais lourde à mettre en place en rénovation.
- Quand aucune autre isolation n’est possible par manque d’accès au vide sanitaire, il est parfois envisageable de remplir partiellement ou en totalité le vide sanitaire d’un matériaux isolant sous forme à projeter. C’est le cas par exemple des billes de polystyrène expansé. Cette solution est moins efficace que les deux précédentes mais peut faire l’affaire dans certaines situations. C’est la seule solution quand le vide sanitaire n’est pas accessible (moins de 50 cm de hauteur)
- Enfin il est possible de n’isoler que les murs du vide sanitaire et partiellement le plafond qui touche les murs. Cette option est intéressante quand de la condensation apparait sur ces murs, signe de déperditions thermiques importantes. C’est cette solution qui est montrée ci-dessous.
Dans tous les cas il vous faudra veiller à traiter les problèmes d’humidité avant de réaliser vos travaux d’isolations (vous pouvez voir un déshumidificateur sur la photo ci-dessus). Il peut être intéressant de recourir à une membrane de sol pour vide sanitaire quelque soit la méthode d’isolation choisie. De même la ventilation est très importante, et il peut être nécessaire d’ajouter des bouches d’aération en cas d’humidité trop prononcée. Pour en savoir plus sur l’isolation d’un vide sanitaire n’hésitez pas à consulter ce sujet sur le forum.
Pour aller plus loin
La première règlementation thermique date de 1974, cela explique pourquoi les travaux de rénovations en matière d’isolation sont indispensables dans nombre de logements construits avant cette date ! A l’heure actuelle, la législation a bien évolué. Depuis juillet 2021, un DPE (diagnostique de performance énergétique) a été mis en place, classant les habitations avec un score allant de A à G. Il est obligatoire en cas de vente ou de location d’un logement, ainsi que lors de la construction d’un logement neuf. A partir de 2023 la législation devrait encore évoluer, interdisant à la location les logements appelés » passoires thermiques » doté du score G. Cette mesure a pour vocation d’inciter à la réalisation des travaux de rénovation.
Dans ce contexte de fort besoin de rénovation énergétique, il est bon de connaitre les différentes aides proposées par l’état en matière d’isolation. Ainsi par exemple » Ma PrimeRénov « , principal dispositif d’aide aux travaux de rénovation énergétiques, a été reconduite en 2023.