Les glaciers himalayens, réservoirs de l’Asie, menacés d’assèchement

Edmund Hillary et le sherpa Tenzing Norgay tentaient aujourd’hui d’escalader l’Everest, ils s’épargneraient 5 kilomètres d’ascension sur le périlleux glacier Khumbu, qui a reculé d’autant depuis leur exploit de 1953. Surnommé le »château d’eau de l’Asie », le massif himalayen voit fondre ses glaciers, sous l’effet du réchauffement. Le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui a rassemblé trois études portant sur l’Inde, le Népal et la Chine, s’en alarme, dans un rapport rendu public le 15 mars.
Les glaciers de l’Himalaya, qui couvrent 33 000 km2, alimentent sept des principaux fleuves d’Asie : le Gange, l’Indus, le Brahmapoutre, la Salween, le Mékong, le Yangzi (fleuve Bleu) et le Huang He (fleuve Jaune). Les 8,6 millions de mètres cubes qui coulent chaque année des sommets fournissent en eau douce des millions de personnes. La fonte accélérée des glaciers pourrait signifier pour elles plus d’inondations dans un premier temps ˇ quelques décennies ˇ, avant qu’une pénurie s’ensuive.
L’énergie hydroélectrique, l’agriculture, certaines industries dépendent directement de l’apport d’eau douce : l’impact économique sera donc substantiel, s’inquiète le WWF, qui appelle sur le sujet une coopération régionale.

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La désertification progresse
Des projections à un siècle montrent pour l’Inde une situation contrastée dans le temps et dans l’espace : dans le haut Indus, le débit augmentera de 14 % à 90 % dans les premières décennies, avant de décroître dans les mêmes proportions d’ici à 2100. Pour le Gange, la partie amont connaîtra le même type de variation, tandis que dans la zone plus en aval, où l’alimentation en eau tient principalement aux précipitations de la mousson, l’impact de la déglaciation sera pratiquement négligeable.
Ces différences tiennent au fait que l’eau de fonte glaciaire ne représente que 5 % du débit des fleuves indiens, mais qu’elle contribue grandement à leur régulation, en particulier pendant la saison sèche. Ainsi, pour le Gange, la perte de l’eau de fonte glaciaire réduirait le débit des deux tiers de juillet à septembre, ce qui impliquerait une pénurie d’eau pour 500 millions de personnes et affecterait 37 % des cultures irriguées indiennes, assure le rapport.
Le WWF souligne aussi les risques accrus de vidange subite de lacs glaciaires. Suralimentés en raison de la fonte des glaces, ceux-ci sont en effet plus susceptibles de rompre les digues naturelles qui les contiennent. Et d’entraîner des inondations catastrophiques en contrebas, parfois sur des dizaines de kilomètres. Sur les 229 glaciers identifiés dans le bassin d’Arun, au Tibet, 24 « sont potentiellement dangereux », note le rapport.
En Chine, les bassins du Yangzi et du fleuve Jaune connaissent une diminution des surfaces des zones humides et des lacs. La désertification progresse. Le fleuve Jaune n’a pu rejoindre la mer pendant 226 jours en 1997, année record.
« Toutes les observations concordent », confirme Yves Arnaud (IRD, laboratoire de glaciologie de Grenoble). Les données topographiques et satellitaires qu’il a lui-même analysées montrent une diminution de l’épaisseur des glaciers himalayens variant de 0,2 m à 1 mètre depuis cinquante ans…

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Source : LeMonde.fr

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