Comment explique-t-on une telle explosion des prix du pétrole ?
Tout d’abord il est nécessaire d’établir une différence entre le court et le long terme. Certains analystes affirment que si les prix flambent, c’est parce qu’il n’y a plus de pétrole.
Or, si précisément ils flambent aujourd’hui, c’est parce qu’un ouragan dévaste le Golfe du Mexique. A court terme, la flambée du prix du pétrole est due à une conjonction de phénomènes: croissance de la demande mondiale, réduction des stocks, sous-investissements. A moyen terme, c’est à dire quatre ou cinq ans, l’incertitude réside dans la réponse de l’offre et de la demande au niveau des prix plus élevés que l’on constate aujourd’hui. C’est seulement à long terme qu’on peut envisager un problème de ressources. A court terme, le problème est que depuis deux-trois ans, nous faisons face à une hausse continue de la demande, alors que l’offre n’a pas augmenté à une vitesse équivalente. Il en résulte une érosion de la capacité de production disponible des pays de l’OPEP: cette surcapacité est ainsi passée de 5% de la consommation mondiale en 1990 à 2% aujourd’hui. On peut aussi mettre en avant des tensions au niveau du raffinage. Au moindre incident, il y a un problème de disposition de produit. Le climat international tendu amène une tension sur les prix. Quant à savoir jusqu’où cette hausse peut aller, je crois que les chiffres annoncés par certains —jusqu’à 300$— sont parfaitement farfelus. Ce qui est clair, c’est que le marché réagit très vite. L’ouragan Katrina pèse aujourd’hui sur le marché comme il y a quinze jours l’annonce de possibles attentats en Arabie saoudite. Et un ralentissement de la demande pèserait dans le sens inverse sur les prix.
Quels solutions existent pour faire face à cette explosion des prix ?
Tout ce qui peut conduire à des économies d’énergie va bien sûr dans le bon sens. Toutes les résolutions de ces dernières années ont été oubliées et il faudrait réduire les gaspillages. On oublie par exemple que l’utilisation de la climatisation dans les automobiles se traduit par une hausse de la consommation d’essence. Concernant une éventuelle réintroduction de la TIPP flottante, je crois que ce n’est pas la solution adaptée si l’on souhaite réduire la dépendance pétrolière de la France. Si l’augmentation des prix crée des problèmes sociaux, il faut les traiter, mais par d’autres biais.
Cette hausse du prix du pétrole ne relance-t-elle pas le débat sur les énergies renouvelables ?
Le pétrole est consommé en grande partie dans les transports. 95% de la consommation énergétique du secteur transport émane du pétrole et il n’y a pas d’alternative significative à ce jour. On peut certes utiliser des biocarburants ou l’énergie électrique, mais cela reste réduit.