Réchauffement climatique en Arctique (et Sibérie): une bonne affaire pour le pétrole (et le gaz)
Le réchauffement climatique n’a pas que des inconvénients…en effet; il « permettra » l’exploitation de nouvelles zone ou l’établissement de nouvelles voies commerciales comme le passage du Nord Ouest.
Le réchauffement climatique observé ces dernières années en Arctique inquiète beaucoup de gens dans le monde mais certains s’en réjouiraient plutôt dans les milieux pétroliers au Groenland, car il pourrait favoriser la prospection de l’or noir dans cette île.
Le Groenland, territoire danois d’outre-mer, dont les eaux sont prises dans les glaces une grande partie de l’année, caresse depuis longtemps l’espoir de trouver du pétrole, qui lui procurerait une manne providentielle pour assurer sa totale indépendance du Danemark.
Les 6 forages réalisés jusqu’à présent dans les eaux de l’île (1976-77 et 1990) n’ont pas permis de trouver du pétrole ou des gisements suffisamment rentables pour être exploités.
Mais les responsables groenlandais gardent leur optimisme, plaçant leurs espoirs dans la compagnie canadienne EnCana Corporation, qui a remporté en janvier dernier 87,5% d’une licence de prospection offshore de pétrole et de gaz à l’ouest du Groenland.
En 2002, EnCana Corporation avait déjà obtenu une licence de prospection et d’exploitation d’hydrocarbures entre le 63e et le 68e parallèle.
La licence actuelle porte sur une zone, libre de glace pour l’essentiel, située entre le 62e et 69e parallèle, à 250 km à l’ouest de Nuuk, la capitale.
« EnCana, désigné comme opérateur, prévoit d’ici 2008, en coopération avec d’autres partenaires qu’elle recherche, de faire deux forages pour savoir s’il y a du pétrole, et en quantité suffisante pour être exploité », a déclaré à l’AFP Joern Skov Nielsen, chef de division, au Bureau des matières premières (Bureau of Minerals and Petroleum) à Nuuk.
« Et lorsqu’on sait qu’un seul forage coûte entre 250 et 300 millions de couronnes danoises (33,6 à 40,3 M EUR), cela montre qu’EnCana croit qu’il y a de grandes réserves d’hydrocarbures dans la région, confirmées par des analyses séismologiques précédentes » a-t-il souligné.
Le réchauffement constaté en Arctique, qui est deux fois plus rapide que dans le reste de la planète, et les prix croissants du pétrole ont encouragé EnCana à « prendre des risques », selon M. Nielsen.
« Cette tendance du réchauffement va se poursuivre, ce qui signifie qu’il y aura moins de glace sur la mer, et il sera donc plus facile et moins coûteux de prospecter le fonds marin », a-t-il estimé.
Le Bureau des matières premières a fait des projections sur la base de recherches géologiques montrant que « la découverte d’un champ pétrolier exploitable de 2 mds de barils durant sa vie d’exploitation (30 à 40 ans) rapporterait quelque 70 mds DKK (9,4 mds EUR) de royalties au Groenland ».
Le gouvernement local groenlandais a décidé de lancer en 2006-2007 un 4e round de concessions un peu plus au nord, près de la baie de Disko, qui abrite le fjord et le glacier d’Ilulissat, classés en 2004 au patrimoine mondial de l’Unesco.
Des analyses sismiques entreprises précédemment ont révélé des traces d’hydrocarbures à terre où « des fuites de pétrole ont été constatées dans des roches dans la baie de Disko », selon M. Nielsen, faisant « croire en des chances encore plus grandes pour trouver du pétrole ».
Ce projet suscite déjà les vives préoccupations de Greenpeace et du Fonds mondial de la nature, qui craignent pour la survie des baleines, des crevettes et les oiseaux marins de la région.
« Le Bureau des matières premières, en coopération avec DMU, l’Institut national de recherches sur l’environnement du Danemark, a entrepris d’examiner tout l’écosystème afin d’assurer que d’éventuelles prospections pétrolières ne provoquent pas de dégâts sur le milieu » a souligné M. Nielsen.
« Ce milieu arctique est très fragile, et cette zone concernée par le prochain appel d’offres de licences, renferme une grande variété d’animaux que nous devons protéger, car des fuites de pétrole causeraient des dommages irréparables », a mis en garde Jesper Madsen, expert du Groenland.