Le chiffre donne le vertige : c’est le montant des destructions provoquées par le cyclone Katrina dans le sud des Etats-Unis. C’est aussi le coût d’une année de guerre en Irak pour l’économie américaine.
Plus de 100 milliards de dollars ! C’est le montant cumulé des bénéfices que s’apprêtent à dégager les cinq plus grandes compagnies pétrolières mondiales cette année grâce, en très large partie, à l’explosion des prix du baril. Le chiffre donne le vertige : c’est le montant des destructions provoquées par le cyclone Katrina dans le sud des Etats-Unis. C’est aussi le coût d’une année de guerre en Irak pour l’économie américaine.
Jamais un secteur industriel n’aura dégagé autant de bénéfices. Même si, en 2004, les cinq majors (ExxonMobil, Chevron, Total, BP et Shell) avaient déjà battu tous les records avec plus de 1 150 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 84 milliards de profits.
Ces performances sont aujourd’hui balayées après l’envolée sans précédent des prix du pétrole depuis le début de l’année. Malgré plusieurs hausses de la production de l’Opep, le cours du Brent a fait un bond de 49% à Londres en six mois et le prix du baril a dépassé les 70 dollars aux Etats-Unis au lendemain du cyclone en Louisiane. Du coup, les majors ont affiché sur le seul premier semestre des performances en progression en moyenne de 30%.
Sans cet environnement économique exceptionnel, les bilans des pétroliers auraient été moins flatteurs. Total a rappelé hier que l’augmentation de 4,23 milliards de dollars de son résultat opérationnel d’un semestre sur l’autre, s’explique, à hauteur de près 3 milliards, par la hausse des prix des hydrocarbures.
En fait les chiffres mirobolants de l’industrie pétrolière ont jusqu’alors occulté ses faiblesses : la saturation des outils de production et l’épuisement des réserves. De là à dire que les compagnies pétrolières multimilliardaires sont des colosses aux pieds d’argile, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’hésitent pas à franchir.
Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il manque actuellement 20% d’investissements pour répondre à la demande mondiale des vingt-cinq prochaines années. Alors plutôt que de reverser de copieux dividendes à leurs actionnaires ou lancer d’ambitieux programmes de rachats d’actions, expliquent les spécialistes, les majors seraient plus avisées d’investir dans la prospection et de nouvelles capacités de production. Autrement dit, si la demande mondiale continue de battre des records, en raison notamment des besoins colossaux de la Chine, les compagnies auront des marges de manoeuvre de plus en plus limitées.
Source : Christine Lagoutte (AFP)