Dans vos réactions ou sur le forum, vous êtes nombreux à nous faire part de votre incompréhension en ce qui concerne la mauvaise volonté des entreprises à faire de la recherche-développement pour les solutions énergetiques alternatives.
Dans l’article qui suit, c’est l’ex-directeur de la recherche de Schneider Electric qui expose son raisonnement et nous éclaire sur l’aveuglement qui règne dans les labos. Particulièrement savoureux: ne nous préoccupons pas des déchets, nos petits-enfants passeront derrière nous pour nettoyer nos m…s.
Calculer le véritable coût de l’énergie : un casse-tête pour tous
En terme de rapport puissance-entretien-coût, l’énergie fournie par EDF (d’origine nucléaire à 80 %) est la meilleure pour une consommation domestique. Sur cette base de référence économique, éoliennes ou panneaux solaires n’ont d’intérêt que dans des cas très localisés. Leur faible puissance par rapport aux sources classiques d’énergie ne valant pas la peine qu’on investisse massivement sur ces ‘microénergies’. En substance, c’est la conclusion à laquelle arrive, après comparaisons approfondies, Michel Barrault, du cabinet de conseil Guidance et ex-directeur de la recherche de Schneider Electric. « Le discours se focalise sur l’énergie, alors que l’on a besoin de puissance à un moment précis. Et là, rien ne vaut le réseau classique. Ce qui n’empêche pas de profiter de la diversité des situations pour utiliser le potentiel de ressources locales : vent, géothermie, chute d’eau. Et, surtout, il faut économiser l’énergie là où c’est le plus facile à faire : dans le chauffage et les transports », ajoute Michel Barrault. Le nucléaire, sans rival dans l’habitat ? Voilà qui fait bondir plus d’un spécialiste… « Je préfère envisager l’utilisation de sources d’énergies inépuisables produisant peu ou pas de déchets. Bien sûr, aujourd’hui, l’énergie fournie par EDF paraît la plus fiable. Mais qu’en sera-t-il quand le marché de l’électricité sera complètement soumis à la concurrence ? On se souvient des coupures monstre dans les pays où c’est déjà le cas…», s’interroge Bassam Ouaida, du bureau d’études Transénergie. Autre question soulevée : qu’en est-il des déchets du nucléaire qu’on ne sait pas traiter aujourd’hui et dont le stockage n’est jamais pris en compte dans le calcul des coûts de ce type d’énergie ? Dans l’optique de Michel Barrault, un tel argument ne peut être retenu : « Si nous ne disposons pas aujourd’hui de la technologie pour traiter les déchets du nucléaire, nos petits-enfants l’auront, eux. Nous nous paralysons en limitant nos options pour une question de connaissances scientifiques à un moment donné, alors que la recherche avance sans cesse. »
En matière énergétique, les débats sur l’innovation ne sont pas objectifs. Faut-il continuer à investir dans les solutions classiques, alors, pour respecter le cadre de la politique française en matière d’énergie et ses trois piliers – sécurité d’approvisionnement, préservation de l’environnement, accès à tous ? Là aussi, les avis divergent. « Construisons avec notre environnement plutôt que contre lui. Les pays nordiques nous donnent l’exemple aujourd’hui, en construisant en bois, en utilisant le vent, le soleil, la géothermie, voire les courants marins pour produire de l’énergie », plaide Bassam Ouaida. Position à l’opposée de celle de Michel Barrault, pour qui « les investissements doivent être effectués là où le retour en terme de puissance est le meilleur. Les solutions les moins efficaces ne doivent pas être aidées ».
Matthieu Massip
Source: http://www.brefonline.com/numeroERA_affichearticle.asp?idA=2073