Antoche a écrit :
La différence entre jardinier et maraîcher a été mentionné.
1) Mais croyez-vous qu'il soit possible de devenir maraîcher paresseux ? Je suis sûr qu'il doit exister un degrés très élevé de maraîchage de la paresse. (qui sera toujours moins élevé que le jardinage paresseux évidemment)
Je vais, en réponse à cette question, nuancer le propos de sicétaitsimple :
- il est possible de faire "paresseusement" (sans aucun travail du sol, sans fertilisation, sans faire/défaire les couvertures) des légumes de saison ou plus exactement des légumes
de conservation : typiquement, les oignons/ails/échalotes, les céleris, les poireaux, une grande partie des choux, des navets, des cucurbitacées, etc... Rentrent là-dedans aussi quelques "salades" (mâche, frisées, endives, pissenlit, laitues d'hiver...)...
- pour ceux qu'on va manger en automne ou durant l'hiver, cela n'a aucune importance de prendre un peu de retard ! Et c'est déjà une partie non négligeable de la production ! Tout effort gagné là-dessus est gagné !
ET je pense donc qu'un projet viable combine deux choses :
a) des zones laissées nues en début de saison par exemple une année sur 3, éventuellement bâchées en plastique noir (à discuter), pour des
productions primeurs = les légumes frais qu'attend le client en sortie d'hiver ; premières salades, radis, petits-pois, premiers haricots,
b) des zones en phénocultures, où on plante ou sème ces mêmes cultures "au moindre effort", pour produire en deuxième temps
c) des zones en phénocultures pour les légumes de conservation...
Après deux ans de couverture intégrale (b et c), les levées d'adventices sont limitées ; le sol aggradé et fertile ; le taux de matière organique en hausse... On peut donc "faire souffrir" un peu - moins qu'en bio conventionnel toutefois ! - par une culture "à nu", avec enherbement progressif - mais on s'en fout car on cela va rentrer dans le cycle b et c...
On peut, en a), accélérer encore avec des serres et des tunnels...
Enfin, pour celui qui voudrait grandir, il existe maintenant en Allemagne des fermes de 20 ou 30 ha pratiquant une sorte de "phénoculture mécanisée" : ce sont des fermes "végan", qui ne font plus d'élevage ; le "foin" est ramassé et distribué mécaniquement, par bandes, sur les surfaces maraichères (par remorques auto-chargeuse puis des épandeurs comme le fumier) ; il existe des machines pour planter dans ce "mulch" (le Murocut de Baertschi, dont j'ai parlé ailleurs)...
Donc je pense qu'une réfléchissant un peu, et moyennant quelques essais, il est tout à fait possible de faire de la "phénoculture professionnelle". Et là, je diverge légèrement de ceux qui, comme sicétaitsimple, sont, à mon avis trop influencé par Fortier (que je n'ai toujours pas lu - donc je reste prudent ; mais si je comprends bien, on reste là dans le paradigme où "c'est à l'homme de s'occuper de la fertilité").
J'admets que l'intensification en matière de travail (produire plus en travaillant moins) nécessite une extensification des surfaces (il faut, pour un même tonnage, une surface plus grande, car on soigne moins les "emboitements" des cultures les unes dans les autres, même si, par rapport à ce que je fais, des progrès sont possibles).