Forums des énergies : société, écologie et technologies propres

Comme on le sait, les "Verts" constitue un parti "trampoline" pour espérer un strapontin élyséen, à condition d'accepter le menu qui va avec: avaler des couleuvres.
C'est la mésaventure qui est arrivée récemment à Barbara Pompili, récemment promue nouvelle secrétaire d’Etat en charge de la Biodiversité (sic!) qui se voit confier la mission de revenir sur la taxation progressive de l'huile de palme pour aboutir à une taxation fixe et minorée.
Pour plus de précisions, consultez cet article ou cet autre, moins complet (nulle mention de la pression des lobbies français des nécrocarburants).
Je vous laisse apprécier...

Pression industrielle,quand tu nous tien .Même pour les verts

Certains, comme cet expert, trouvent au contraire qu'il faudrait détaxer complétement cette huile!
Ses arguments sont spécieux:
a) pour la production: la culture de ces palmiers est une production de rente qui se fait au détriment de l'autonomie alimentaire et les plantations certifiées sont une tartufferie de plus qui ne garantit rien; il essaie de semer le doute quant au lien entre ce type de spéculation agricole et le déboisement, pourtant il est bien établi, même si ce n'est pas la seule cause; d'ailleurs le caractère très rentable de la culture des palmiers à huile, qu'il souligne, permet de comprendre le peu de considération pour la forêt...
b) pour la consommation: Il avance ensuite l'argument que la consommation française reste modeste, cependant son impact sanitaire est important. En effet, si l'huile de palme n'est pas foncièrement mauvaise, elle est très prisée par l'industrie agroalimentaire où elle subit des transformations qui accentuent la part des acides gras saturés (par hydrogénation); le but étant d'obtenir un corps gras solide à température ambiante et qui soit plus résistant au rancissement que l'huile liquide, parfait pour les multiples viennoiseries industrielles et autres plats cuisinés qui font les beaux jours des cardiopathies artérielles, du diabète et de la dépression...

Scandale, petition! il faut que ça se sache. crions le haut et fort!

"Couleuvre", "Opportunité personnelle" ou "Stratégie" pour la nouvelle secrétaire d’Etat en charge de la Biodiversité ?

Dernièrement, Barbara Pompili a pris ses distances avec le parti "Ecologie-Les Verts". De fait elle se retrouve sans famille politique ni soutien, et pour se reconstruire une image et une assise politique, elle a besoin de se refaire une "santé politique".

C'est peut-être pour elle un passage obligé dont la stratégie consiste à faire profile bas et accepter quelques compromissions, en serrant les fesses, pour retrouver une place dans le paysage politique.

Ceci dit, ça ne change pas le fond du problème de la sous-taxation de l'huile de palme.

Oui, tu as raison, j'ai un peu contracté son parcours, pour autant, je ne pense pas avoir déformé les faits: qu'elle ait pu éprouver des désaccords de personnes d'avec son parti d'origine ne change pas son inclination, au moins théorique, pour ce que je ne peux décemment nommer l'écologie, mais au moins pour une vision "environnementaliste".
Tu écris:

C'est peut-être pour elle un passage obligé, dont la stratégie consiste à faire profil bas et accepter quelques compromissions, en serrant les fesses, pour retrouver une place dans le paysage politique.

Tu as parfaitement bien exprimer la réalité des choses, même si je pense que ce ne sont pas seulement "quelques compromissions", mais bien l'acceptation de devenir une vitrine mensongère destinée à gérer l'imposture écologique du gouvernement, contre la possibilité "d'aller à la soupe", comme le disait de façon si expressive De Gaulle.

Ahmed a écrit :...devenir une vitrine mensongère destinée à gérer l'imposture écologique du gouvernement...

C'est une option que je n'avais pas perçue !... Celle, en l'occurrence, que B Pompili serve (en toute connaissance de cause ou pas) de leurre écologique pour endormir et récupérer la part naïve et innocente de la population écologiste aujourd'hui désorientée.

C'est vrai que ce scénario est plus conforme à l'idée que nous nous faisons de la mentalité d'une certaine classe politique prête à utiliser toutes les "stratégies de récupération électorale".

Le recours à la figure de l'oxymore, qui feint de réconcilier les contraires, est le révélateur de l'impuissance du politique et de son blocage devant des contradictions qu'il ne parvient à surmonter que sur le mode incantatoire: l'oxymore est l'équivalent moderne de la danse de la pluie!
Il s'agit d'ailleurs moins d'électoralisme que de gestion de la population; c'est la base de ce qui est enseigné à l'ENA.
Quant à l'idée:

...que B Pompili serve (en toute connaissance de cause ou pas) de leurre...

Je ne ferais pas l'injure à cette dame de supposer qu'elle ne perçoit pas pleinement toute sa dimension... ambitieuse autant que l'on veut, mais certainement pas stupide!

Je ne sais pas si on peut parler d'oxymore dans cette affaire (au sens d'unir des contraires, ou je n'ai pas compris ce que tu voulais dire), mais plus que "l'impuissance du politique", c'est à mon avis son formatage initiale, puis sa déformation professionnelle qui poussent le politique à avoir d’emblée ce réflexe d'user de stratégies spécieuses pour faire les choses sans donner l'air de les faire.

A leur décharge, c'est vrai qu'entre-eux, les politiques s'attendent à chaque virage et virgule mal placée pour se pourfendre ce qui les pousse à tout dissimuler... mais ce débat s'éloigne de l'huile de palme.

L'huile de palme n'est pas un problème technique, la question de sa taxation la place clairement dans l'espace politique.
Il y a bien une démarche oxymorique dans le fait d'encourager la production d'huile de palme et le rôle qui devrait être celui de "secrétaire d’Etat en charge de la Biodiversité"; plus généralement, cela concerne le fait d'affubler de titres ronflants et prometteurs des fonctions qui visent à l'inverse de leurs intitulés.
Je maintiens l'expression "impuissance du politique", dans la mesure où il y a absence de vision autre que celle s'employant à la conservation d'un modèle suranné, un "présentisme" qui condamne tout futur; que cela soit du fait, en tout ou partie, de déterminismes sociaux, culturels ou professionnels, je l'admets bien volontiers.